Black and white photo of teen girlLa traite des personnes à des fins sexuelles, c’est une forme de violence. Et tous les jours au Canada, des enfants en sont victimes. 

Si nous comprenions mieux les complexités de la traite à des fins sexuelles, nous en reconnaitrions bien plus souvent les manifestations. Mais si nous n’avons pas une idée claire de ce qu’est la traite des personnes et de ce qui y amène les jeunes, nous perdons la capacité d’intervenir. Voici donc une liste des mythes qui circulent à propos de la traite de personnes mineures à des fins sexuelles, accompagnées des mises au point qui s’imposent.

Mythe 1 : Cela n’arrive qu’aux jeunes en difficulté.

Réalité : N’importe quelle personne peut être victime d’exploitation ou de traite à des fins sexuelles, indépendamment de son âge, de ses capacités, de son origine ethnique, de son sexe, de sa religion, de son milieu social ou familial, ou de son orientation sexuelle.

Mythe 2 : Cela n’arrive pas au Canada.

Réalité : Vous serez peut-être choqué d’apprendre que les enfants et les jeunes du Canada ne sont pas à l’abri de l’exploitation ou de la traite à des fins sexuelles. En 2014, le Centre national de coordination contre la traite de personnes de la Gendarmerie royale du Canada a révélé que 93 % des victimes au Canada sont de ce pays. La même année, on a recensé des cas d’exploitation et de traite de jeunes à des fins sexuelles en Ontario, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse, en Alberta et ailleurs.

Mythe 3 : Quand ça arrive, ça arrive une seule fois.

Réalité : L’exploitation et la traite de personnes à des fins sexuelles s’inscrivent dans un cycle continu de mauvais traitements physiques, émotionnels et psychologiques. Bien souvent, les exploiteurs et trafiquants peuvent mettre plusieurs mois (parfois jusqu’à un an ou deux) pour bien préparer leurs jeunes victimes avant que l’exploitation ne commence réellement. Après, la relation d’exploitation peut durer des années.

Mythe 4 : Les trafiquants et les exploiteurs sont toujours des hommes adultes.

Réalité : Même si bon nombre d’entre eux sont effectivement des hommes adultes, il arrive que ce soit aussi des femmes (surtout des femmes qui en exploitent de plus jeunes). Et puis les cas d’exploitation par des jeunes du même âge vont en augmentant. Des exemples? En Ontario récemment, une jeune de 18 ans a été accusée d’exploiter un réseau de traite d’adolescentes. En Colombie-Britannique, un jeune de 18 ans a été condamné pour traite d’adolescentes dans le Lower Mainland. Et en Alberta, une femme de 31 ans a été reconnue coupable de l’exploitation d’une jeune de 18 ans. Aucun portrait typique ne se dégage des exploiteurs ou exploitrices; leurs profils sont aussi divers que ceux de leurs victimes.

Mythe 5 : Les drogues et l’alcool font toujours partie de l’équation.

Réalité : Même les jeunes qui ne sont pas toxicomanes peuvent être victimes d’exploitation ou de traite à des fins sexuelles. À l’inverse, le fait qu’un ou une jeune soit toxicomane ne veut pas dire qu’il ou elle sera un jour victime d’exploitation sexuelle. Cela dit, les coupables de traite ou d’exploitation à des fins sexuelles se servent souvent de la drogue et de l’alcool pour exercer un contrôle sur leurs victimes.

Mythe 6 : Il est facile de s’en sortir.

Réalité : Les jeunes qui sont l’objet d’exploitation ou de traite à des fins sexuelles ne se considèrent pas toujours victimes. La plupart des exploiteurs ou exploitrices utilisent la menace verbale ou physique pour décourager leurs victimes de partir. Dans l’affaire de Reza Moazami qui a mené à la toute première condamnation pour traite de personnes mineures en Colombie-Britannique, dans leurs témoignages, les victimes ont révélé qu’il les menaçait de s’en prendre à leurs familles si elles tentaient de se sauver. Parce que l’exploiteur prend le temps de bien préparer sa victime, celle-ci pense qu’elle a avec lui une relation amoureuse et alors il joue la carte de la culpabilité pour garder sa victime dans ses filets.

Mythe 7 : La prostitution forcée de personnes mineures est la seule forme d’exploitation sexuelle.

Réalité : L’exploitation et la traite de jeunes ou d’enfants à des fins sexuelles peuvent prendre toutes sortes de formes. Les plus fréquentes sont :

–       le leurre par des prédateurs en ligne qui ciblent les enfants;

–       l’exploitation par des trafiquants, que ce soit derrière des portes fermées ou dans la rue;

–       la victimisation au moyen d’images ou de vidéos d’agressions sexuelles perpétrées sur des enfants (c’est à dire le sextage).

Malheureusement, les cas d’exploitation ou de traite à des fins sexuelles ne sont pas toujours bien identifiés, car ils peuvent se cacher derrière d’autres formes de comportements violents (comme l’intimidation). Mais l’exploitation et la traite à des fins sexuelles sont certainement parmi les formes de violence les plus graves et sont punissables en vertu du Code criminel du Canada.

Mythe 8 : C’est la faute du jeune.

Réalité : Les exploiteurs et trafiquants ciblent les jeunes en raison de leur vulnérabilité et de leur manque d’expérience. Souvent, ils manipulent leurs victimes pendant des mois. Ils font tout ce qu’ils peuvent, par exemple, en leur donnant beaucoup d’attention, en les comblant de cadeaux, en leur témoignant leur « affection », en les isolant de leurs amis et familles, et en leur faisant découvrir un nouveau mode de vie (drogue, alcool, etc.). Rappelons-nous comment nous étions à l’adolescence, nous croyions tout savoir! L’important, si nous voulons aider de jeunes victimes, c’est de nous rappeler que ce n’est pas de leur faute. Nous devons leur témoigner de l’empathie et nous défaire de nos idées préconçues. Nous devons leur donner suffisamment confiance pour qu’elles dénoncent les exploiteurs et réagissent mieux à l’aide offerte.