Après avoir suivi une formation en menuiserie, Elizabeth Small s’est bâti un nouvel avenir en mettant sur pied son entreprise de rénovation. Ce faisant, elle a tracé une voie pour d’autres femmes dans le secteur des métiers. Propos recueillis par Jessica Howard pour le numéro Automne 2015 du magazine Dit Elle.

Lorsque j’ai terminé mes études, je ne savais pas vraiment quoi faire de ma vie. L’idée d’exercer un métier venait en tout dernier. Après une série de petits boulots qui ne m’intéressaient pas vraiment, un ami de la famille m’a proposé de participer à l’achat d’une propriété dans le but de la rénover et de la louer. J’ai alors commencé à apprendre les rudiments de la rénovation, ce qui m’a amenée à travailler ensuite pour un entrepreneur en construction. Je me suis rendu compte, lors du dernier chantier sur lequel j’ai travaillé, que j’apprenais tout de travers. On m’avait demandé d’installer une douche et c’était si mal fait qu’on a dû l’arracher et recommencer à neuf.

À l’évidence, je n’étais pas adéquatement formée. Si j’ai présenté une demande au programme Enhanced General Carpentry for Women [cours de menuiserie avancée pour femmes], c’est que je voulais acquérir les bonnes techniques et progresser dans ma carrière. Dans le secteur des métiers, le travail repose sur l’ancienneté; je n’avais pas l’intention de passer cinq ans tout au bas de l’échelle. Lorsqu’on m’a appelée pour m’annoncer que j’étais acceptée dans le cours, j’ai cru que j’avais décroché la lune.

L’instructeur me taquinait tout le temps parce que « Vraiment? » était devenue mon expression préférée. Tout ce qu’il nous enseignait était si différent de ce que j’avais appris jusque-là! Je débordais d’enthousiasme, car je comprenais enfin ce qui n’allait pas et pourquoi. Je m’étais imaginé qu’une fois le cours terminé, j’irais travailler quelque part comme employée afin de perfectionner mes connaissances.

Or une ancienne collègue entra en contact avec moi pour me demander si j’accepterais de construire son garage. J’étudiai les plans et décidai que j’étais en mesure de le réaliser. Je proposai à deux autres femmes qui suivaient le programme avec moi de m’aider. Si je n’avais pas pris ce contrat, je n’aurais pas fondé ma propre société, Arriba Constructing. Depuis ce temps, le bouche-à-oreille a fait le reste. Je n’ai jamais eu à promouvoir mes services.

Je me suis rendu compte d’une chose : la maison est généralement un lieu identifié à la femme; c’est elle qui la décore, c’est aussi elle qui la meuble. Lorsqu’elle songe à embaucher un entrepreneur, il lui semble naturel d’imaginer une femme dans ce rôle. Je pense que le fait d’être une femme m’a permis d’obtenir beaucoup de contrats. Et je ne vais pas m’en plaindre, bien au contraire!

J’embauche des diplômées du programme parce que cela facilite mon travail par un facteur de dix; en effet, je n’ai pas à corriger leurs mauvaises habitudes. Par ailleurs, mon équipe est mixte, car je veux démontrer que les femmes et les hommes sont capables de travailler ensemble. Il est parfois difficile pour une femme de trouver du travail dans notre secteur; il n’est pas facile de convaincre les hommes de nous donner une chance.

Chaque année, je retourne au centre de formation pour parler aux nouvelles étudiantes. Voici le conseil que je donne à celles qui veulent intégrer un corps de métier : exercez-le comme s’il s’agissait de n’importe quelle autre activité. Si vous rêviez de devenir une vedette de rock, vous ne passeriez pas votre temps à vous dire que c’est un univers principalement masculin. Vous seriez en train de gratter votre guitare et de chanter pour montrer ce que vous avez dans les tripes. C’est exactement la même chose dans notre profession.

Le cours « Enhanced General Carpentry for Women », offert par le Centre for Skills Development and Training, a reçu un appui financier de la Fondation canadienne des femmes.