Les faits sur les relations saines chez les jeunes

Qu’est-ce qu’une relation saine et pourquoi est-ce si important?

Une relation saine est fondée, entre autres, sur la confiance, l’intimité, la communication, le respect et l’indépendance (Fondation canadienne des femmes, 2019). Les relations saines sont aussi importantes dans les amitiés et les dynamiques familiales et de soins qu’elles le sont dans les relations intimes.

Apprendre à reconnaître, bâtir et maintenir des relations saines est essentiel au développement psychologique et social. Dans une relation saine, les jeunes se sentent libres de s’exprimer et de nommer leurs besoins.

Les ados sont influencé·es par les relations qu’ils et elles ont en grandissant. Durant l’adolescence, les relations saines et soutenantes sont des atouts et protègent contre les effets des « inégalités structurelles » (Wong et al., Statistique Canada, 2022). De la même façon, les effets néfastes associés aux relations malsaines, abusives ou violentes peuvent être vastes et durer longtemps, ce qui pousse les jeunes à interagir avec les autres par des moyens négatifs et malsains qui peuvent devenir des schémas à l’âge adulte (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

Parmi ces conséquences, on retrouve notamment des « symptômes dépressifs, la suicidalité, une anxiété accrue, des symptômes de traumatisme, une consommation de substances problématique, des troubles de la santé sexuelle, des blessures, une capacité réduite à réguler les émotions négatives et le stress, un engagement répété dans des comportements violents et une diminution des performances à l’école » (Université de Calgary, Violence dans les fréquentations chez les jeunes).

Il est essentiel d’enseigner les relations saines et de prévenir la violence dans les écoles en trouvant des façons d’impliquer les familles et la communauté pour aider les jeunes à apprendre comment tisser des relations saines.

Pourquoi la question des relations saines chez les jeunes est-elle aussi urgente ?

  • Selon des données autodéclarées, plus de 4 jeunes sur 10 (45 %) de 15 à 17 ans ont vécu de la violence depuis l’âge de 15 ans. La violence psychologique est la forme de violence la plus répandue (45 %), suivie par la violence physique (10 %) et la violence sexuelle (7 %) (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

  • Il a été démontré que l’expérience de violence entre partenaires intimes à l’adolescence entraîne certaines répercussions négatives à l’âge adulte, dont un risque accru de revivre de la violence entre partenaires intimes (Savage, Satistique Canada, 2018).

  • « Les jeunes non binaires rapportent des taux beaucoup plus élevés de toutes les formes de victimisation adolescente de violence dans les fréquentations que leurs pairs cisgenres. » La victimisation psychologique est la plus élevée (42 %), suivie par la victimisation en ligne (32,8 %) et physique (25,6 %) (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

  • Les femmes (66 %) et les hommes (54 %) autochtones et du Nord de 15 à 24 ans rapportent des taux beaucoup plus élevés de violence entre partenaires intimes (Malama et al., Journal of Global Health Reports, 2024).

  • Selon Statistique Canada, « en 2022, le taux d’affaires de violence dans le cadre de fréquentations déclarées par la police était environ neuf fois plus élevé chez les adolescentes » (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

Questions fréquentes sur les relations saines chez les jeunes

Une jeune personne sur trois rapporte avoir vécu de la violence de nature physique, psychologique et/ou numérique dans ses fréquentations (Exner-Cortens et al., Journal of Adolescent Health, 2021).

Plus de 4 jeunes sur 10 de 15 à 17 ans rapportent avoir vécu de la violence psychologique. Parmi les adolescentes, 7 % déclarent avoir vécu de la violence sexuelle de la part d’une fréquentation (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

L’oppression systémique expose les groupes marginalisés à un plus haut risque de violence dans les fréquentations, dont les jeunes personnes noires et racisées, celles qui vivent dans la pauvreté, les jeunes autochtones et les jeunes 2SLGBTQIA+ (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

Selon des données déclarées par la police, « à l’instar des voies de fait, la violence dans le cadre de fréquentations chez les adolescents touche les filles de manière disproportionnée (taux de 116 [filles victimisées] pour 100 000 filles par rapport à un taux de 5 [garçons victimisés] pour 100 000 garçons), comme c’est généralement le cas pour toutes les formes de violence sexuelle » (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

« Les femmes ayant une incapacité sont souvent surreprésentées parmi les [survivantes] de violence, y compris la violence commise dans une relation avec un partenaire intime. Les jeunes femmes ayant une incapacité [sont] plus de deux fois plus susceptibles que les femmes de 25 ans et plus ayant une incapacité de déclarer avoir subi une forme de [violence entre partenaires intimes] » (Savage, Statistique Canada, 2018).

« De même, les jeunes femmes qui ont déclaré avoir subi des pratiques parentales sévères étaient également plus susceptibles que celles qui n’avaient jamais fait l’objet de telles pratiques de déclarer avoir subi de la violence entre partenaires intimes (62 % par rapport à 43 %). » Dans ce contexte, les « pratiques parentales sévères comprennent le fait de donner une fessée ou une gifle, de dire des choses qui blessent les sentiments de l’enfant, de lui faire sentir qu’il n’est pas désiré ou aimé, et de ne pas répondre à ses besoins fondamentaux » (Savage, Statistique Canada, 2018).

Les premiers signes de violence dans les fréquentations chez les jeunes peuvent être difficiles à cerner, car ils sont plus subtils et souvent considérés comme « typiques » dans les relations adolescentes. Ceux-ci comprennent notamment la violence psychologique comme les comportements humiliants, jaloux ou possessifs, les menaces d’agression et les injures. Ces agissements, surtout lorsqu’ils sont répétés, peuvent être des signes annonciateurs d’une escalade de la violence (Williamson, Saskatchewan Prevention Institute, 2023).

Il est important de porter attention aux signes suivants si vous soupçonnez que votre ami·e ou votre enfant vit de la violence dans ses fréquentations : des changements importants dans son apparence physique, des comportements d’automutilation, une difficulté à ne pas être en contact permanent avec son ou sa partenaire, un isolement ou l’arrêt de certaines activités habituelles, dont les activités scolaires et parascolaires (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

Les personnes qui commettent la violence dans les fréquentations adoptent souvent les comportements suivants, qui ont tous comme but de miner l’amour-propre de leurs partenaires et de les isoler des autres : contrôler leurs activités et leurs amitiés, les critiquer ou les rabaisser, contrôler leur comportement et leur habillement, les toucher sans leur consentement, faire pression pour avoir des rapports sexuels, ignorer leurs limites (physiques et/ou psychologiques), faire preuve de jalousie extrême et de méfiance, avoir un tempérament explosif, les menacer, les blesser (physiquement et/ou émotionnellement), etc. (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

Les jeunes personnes peuvent aussi vivre de la violence dans leurs fréquentations dans les espaces numériques. Cela comprend si quelqu’un publie ou menace de publier des images intimes d’elles, leur envoie du contenu explicite sexuellement sans leur consentement et fait pression sur elles pour partager des images intimes. Une étude portant sur un sous-ensemble de jeunes ayant vécu de la violence dans les fréquentations en ligne en 2022 a révélé que « plus de 4 adolescents sur 10 (44 %) ont [subi des] infractions sexuelles, dont plus de la moitié (53 %) concernaient la distribution non consensuelle d’images intimes » (Sutton et Burczycka, Statistique Canada, 2024).

Les gens qui prennent soin des jeunes personnes sont des modèles pour elles et constituent une source d’information essentielle. Il est important de démontrer de bonnes compétences relationnelles et de vous renseigner sur les relations adolescentes et la violence dans les fréquentations pour être en mesure de : « parler avec votre enfant de relations saines, de limites, de consentement et de violence dans les fréquentations; développer des relations saines et des compétences en matière de sécurité avec votre enfant et d’apprendre comment réagir si votre enfant vous confie [vivre de la violence dans les fréquentations] » (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

Il est important « pour la santé, le bien-être et la transition vers l’âge adulte des jeunes qu’ils aient quelqu’un avec qui parler de sexualité et de santé sexuelle, qu’il s’agisse d’un parent, d’un enseignant, d’un fournisseur de soins de santé ou d’un autre adulte de confiance. Selon les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019, la plupart des jeunes de 15 à 17 ans (85 %) ont déclaré avoir un adulte à qui parler pour obtenir de l’aide ou des conseils sur la puberté, le développement de leur sexualité et la santé sexuelle » (Statistique Canada, 2024).

Dans le rapport Bâtir le domaine de la promotion des relations saines chez les jeunes, le groupe de travail sur l’engagement des adultes a dirigé cinq groupes de discussion avec des ados et de jeunes adultes de différentes tranches d’âge et contextes géographiques au Canada et a constaté que « l’ensemble des [jeunes étaient] d’accord que les adultes dans leur vie devraient avoir plus de connaissances et de compétences en matière de relations saines » (Fondation canadienne des femmes, 2019).

Les adultes pourraient avoir besoin d’aide pour développer des relations saines avec les jeunes, créer des climats sociaux sains et intervenir dans des cas d’intimidation. Le Réseau pour la promotion de relations saines et l’élimination de la violence a créé un Module de formation sur les relations saines pour aider à combler ces lacunes chez les adultes qui travaillent auprès des jeunes personnes.

Le Guide pour des relations amoureuses saines conçu par PREVNet et Facebook peut s’avérer utile tant aux donneur·euses de soins qu’aux jeunes qui désirent en savoir plus sur les relations saines, en ligne et hors ligne.

Le document C’est une grosse affaire : Cahier d’activités 9e-12e année (3e-5e secondaire) peut également être utile aux ados et aux personnes qui en prennent soin pour discuter de relations et de consentement sexuel. On y parle de stéréotypes, de relations amoureuses, de sextage, de consentement sexuel, de violence sexuelle, de la loi, des situations inconfortables et des façons d’obtenir de l’aide.

Exprimer « ses limites personnelles tôt dans les interactions avec ses partenaires intimes [est] essentiel pour réduire le risque que des dynamiques malsaines se forment » (Williamson, Saskatchewan Prevention Institute, 2023).

Le maintien des amitiés bienveillantes et la surveillance et le soutien positifs des parents peuvent aussi réduire le risque de violence dans les fréquentations chez les jeunes. Une étude portant précisément sur les jeunes autochtones a aussi mis en évidence l’importance de favoriser « une sécurité, une identité et un engagement culturels » (Williamson, Saskatchewan Prevention Institute, 2023).

Il est essentiel d’enseigner aux jeunes les signes d’une relation saine tout en les aidant à développer leur littératie numérique et en leur apprenant à utiliser Internet de façon sécuritaire. Des études démontrent qu’après avoir pris part à des programmes de prévention de la violence dans les fréquentations chez les jeunes, les ados sont plus susceptibles de savoir reconnaître et définir les relations malsaines et les signes de violence dans les fréquentations et sont moins susceptibles de tolérer des comportements violents (Wong et Lee, Université Simon Fraser, 2022).

Bien qu’il soit important d’enseigner aux jeunes à reconnaître les signes annonciateurs de comportements violents, il faut aussi leur montrer comment réagir efficacement à ceux-ci. Même si les ados savent déjà quels comportements sont inacceptables, « ils et elles n’ont toujours pas les connaissances nécessaires pour savoir comment répondre de façon appropriée aux signes annonciateurs » (Francis et Pearson, Journal of Interpersonal Violence, 2019).

Chaque province et territoire possède ses propres lois et politiques pour contrer la violence dans les fréquentations chez les jeunes au Canada (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary). Que vous soyez une jeune personne, un parent, un·e donneur·euse de soins ou un·e éducateur·trice, la chose la plus importante que vous pouvez faire est de comprendre vos droits et vos responsabilités.

Les jeunes personnes hésitent souvent à demander de l’aide de peur de se faire gronder ou qu’on signale le ou les incidents contre leur volonté.

Les déséquilibres de pouvoir entre les ados et leurs parents, leurs éducateur·trices et leurs donneur·euses de soins doivent être pris en compte dans la manière dont l’aide est fournie. Apprendre que quelqu’un qu’on aime vit de la violence peut être particulièrement bouleversant, mais il faut vous concentrer sur ses sentiments et non les vôtres. Cela vous aidera à écouter votre ado sans porter de jugement ou laisser entendre que c’est sa faute.

Il est essentiel de nommer clairement les limites de votre confidentialité. Que vous soyez donneur·euse de soins, parent ou éducateur·trice, si une jeune personne « subit des préjudices physiques, s’il y a une distribution de [matériel sexuellement explicite] ou si [il ou elle] se trouve dans toute autre situation dangereuse, […] vous avez la responsabilité juridique d’assurer [sa] sécurité » (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

PREVNet énumère sept manières efficaces de répondre de façon soutenante quand une jeune personne vous confie vivre de la violence dans ses fréquentations. Nous vous encourageons à consulter cette liste, de même que notre guide en quatre étapes pour réagir dans une telle situation : Introspection, affirmation, clarification et réponse (Violence dans les fréquentations chez les jeunes, Université de Calgary).

Finalement, expliquez à la jeune personne ce qui se passera si elle téléphone à l’une de ces ressources ou si elle fait une demande de soutien et offrez-lui une liste de services et ressources. Songez à faire l’appel ensemble ou offrez-lui d’être présent·e pendant celui-ci, si cela lui convient. Voici quelques ressources supplémentaires qui pourraient vous être utiles :

Jeunesse, J’écoute : par téléphone au 1 800 668-6868 ou par texto au 686868

Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être pour les Premières Nations et les Inuit·es : 1 855 242-3310

LGBT YouthLine (par téléphone ou texto, en anglais) : 647 694-4275

Centre de justice familiale

Santé mentale pour enfants Ontario

Ligne d’écoute 211 : par téléphone ou clavardage

Dernière mise à jour : 2 aout 2024

Voici le projet Bâtir le domaine de la promotion des relations saines chez les jeunes, une initiative nationale d’action collective unique réunissant des jeunes, des programmes communautaires, des universitaires, des décideurs et décideuses politiques et des bailleurs et bailleuses de fonds afin de mettre en commun les succès et les difficultés de chacun et chacune ainsi que pour discuter de l’avenir des programmes de promotion des relations saines chez les jeunes.

Les Rapports