« La santé mentale est un élément fondamental de la santé […] la promotion, la protection et le rétablissement de la santé mentale peuvent être considérés comme des questions d’intérêt vital pour les individus, les communautés et les sociétés à travers le monde. »
C’est indéniable : la violence a des répercussions sur la santé mentale qui, à son tour, a des effets sur tous les aspects de la santé et du bien-être.
L’Organisation mondiale de la Santé et l’Agence de la santé publique du Canada voient la violence fondée sur le genre comme une question de santé publique importante.
Insomnie, anxiété et dépression, consommation de substances pour fonctionner, trouble de stress post-traumatique et biens d’autres problèmes : ses effets sont vastes, variés et propres à chaque personne.
Étant donné la grande prévalence de la violence fondée sur le genre, l’étendue des répercussions est immense. Quarante-quatre pour cent des femmes au Canada ont subi au moins un acte de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans.
Le lien entre la violence et les problèmes de santé mentale est beaucoup plus fort chez les femmes.
- Les femmes sont significativement plus susceptibles que les hommes de signaler des répercussions émotionnelles en lien avec la violence conjugale, notamment de l’isolement, des symptômes de dépression, des crises de panique et des pensées suicidaires.
- 50 % des femmes qui ont vécu de la violence ont aussi reçu un diagnostic de trouble mental.
- Les femmes ayant une incapacité liée à la santé mentale sont plus à risque de vivre de la victimisation avec violence que les hommes dans la même situation, en particulier une agression sexuelle.
- Le risque de dépression, de trouble de stress post-traumatique (TSPT), de problèmes de consommation de substances ou de pensées suicidaires était de trois à cinq fois plus élevé pour les femmes qui avaient vécu de la violence.
- Les refuges et les maisons de transition ont rapporté que plus de la moitié des femmes souffraient de dépression majeure et que plus de 33 % avaient un TSPT.
Si on ne s’attaque pas au lien qui existe entre la santé mentale et la violence, les femmes risquent de recevoir de mauvais diagnostics ou de ne pas pouvoir accéder au soutien dont elles ont besoin pour aller mieux. De plus, les femmes qui ont vécu de la violence et reçu un diagnostic de trouble mental peuvent être étiquetées comme étant « difficiles à aider » et se voir refuser des services.
Certaines ressources peuvent exiger de leur clientèle qu’elle soit à jeun pour accéder à des services, ce qui est particulièrement difficile pour les personnes qui consomment des substances afin de composer avec les conséquences de la violence. Quand des survivant·e·s se font prescrire des médicaments pour traiter leurs troubles de santé mentale, les effets secondaires peuvent aussi parfois aggraver les traumatismes. Par exemple, un anxiolytique peut réduire la capacité de certaines femmes à évaluer si elles sont en sécurité ou non.
La honte associée à la violence fondée sur le genre et aux problèmes de santé mentale peut décourager des survivant·e·s de parler de leur expérience, de signaler des incidents et de chercher de l’aide. La peur de perdre la garde des enfants est une autre préoccupation qui peut empêcher les survivant·e·s de se confier sur leur situation. Les survivant·e·s qui ont des troubles de santé mentale sont parfois moins susceptibles de signaler des actes de violence, car ces problèmes sont souvent utilisés pour miner leur crédibilité ou les blâmer pour le cours des événements. Lorsque ces troubles sont combinés à d’autres facteurs, comme la pauvreté, le statut d’immigration et la discrimination liée à l’âge, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle, les barrières pour accéder à du soutien peuvent sembler insurmontables.
Qu’est-ce qu’il faut faire?
Il faut renforcer les ressources essentielles pour les survivant·e·s aux prises avec des problèmes de santé mentale, tant pour prévenir la violence que pour y réagir. Cela comprend un accès à des services de consultation à long terme, à des logements abordables, à du soutien en matière de garde d’enfants, à une meilleure assistance juridique et à des possibilités d’emploi.
À l’échelle individuelle, nous pouvons nous informer sur les manières dont la violence et les troubles de santé mentale affectent les personnes de notre entourage. Être présent·e·s pour les survivant·e·s sans les juger, les écouter et leur proposer de les aider à trouver des ressources sont toutes de bonnes façons de briser la honte et l’isolement qu’iels vivent souvent. Apprenez comment vous pouvez réagir à tout signe de violence en devenant un·e répondant·e à l’appel à l’aide dès aujourd’hui.
Dénoncez les idées et les blagues qui justifient la violence ou se moquent des personnes ayant des problèmes de santé mentale.
Faisons l’effort de reconnaître la violence fondée sur le genre et ses répercussions sur les troubles de santé mentale et de bien soutenir les personnes confrontées à ces deux fléaux.