« Tout le monde devrait avoir accès à ces programmes. »
Au secondaire, Ben Lord a participé à Vague par vague, un programme de prévention de la violence qui continue d’avoir une incidence dans toutes les sphères de sa vie. Propos recueillis par Diane Hill pour le numéro Printemps 2015 du magazine Dit Elle.
À l’école secondaire que je fréquentais, des élèves qui avaient suivi le programme Vague par vague ont monté une pièce de théâtre intitulée The Many Faces of Abuse* [Les multiples visages de la violence]. J’ai assisté à la pièce en 9e année et j’en ai eu des frissons. L’année suivante, j’ai décidé de m’inscrire au programme. Après avoir obtenu mon diplôme, je suis moi-même devenu animateur.
Cette formation m’avait ouvert les yeux sur des choses auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant, comme le fait qu’un grand nombre de problèmes qui surviennent dans les relations ont un rapport avec notre sexe.
On enseigne aux hommes à être agressifs. Est-ce que c’est utile dans les relations? Pas vraiment. La plupart des femmes apprennent à être passives et à faire preuve de retenue. Cette situation crée des assises propices à l’exercice de la violence dans les relations intimes. En éduquant à la fois les hommes et les femmes, nous contribuons à démolir ces bases.
Je pense encore constamment à ce qu’on m’a appris. Je me fie sur mes propres signaux d’avertissement, par exemple, lorsque je ne suis pas honnête à l’égard de moi-même dans une relation ou que quelque chose me fait du mal. Parfois, lorsque j’observe d’autres personnes et les rapports qu’elles entretiennent, je ne peux m’empêcher de penser : « Est-ce que vous êtes bien là dedans? » Ça me fend le cœur.
Dans le cadre du programme, nous avions parlé de l’image stéréotypée de la femme dans les médias. Je n’en avais jamais pris conscience auparavant; c’est comme si une ampoule s’était allumée brusquement. Désormais, je ne peux plus ouvrir un magazine sans remarquer l’omniprésence du sexisme. Cela me laisse sans voix. Le phénomène est si répandu que c’en est déconcertant. Nous nous contentons bêtement de consommer toute cette imagerie produite par le système patriarcal; c’est très néfaste pour tout le monde. Ce problème ne concerne pas les femmes uniquement.
Je suis très heureux, en tant qu’homme, de siéger au Comité consultatif national sur les relations saines à l’adolescence mis sur pied par la Fondation canadienne des femmes. Certains me disent : « Ben, nous avons de la chance que tu sois là. » Pour dire vrai, je ne sais pas qui d’entre nous a le plus de chance, car on me donne ici l’occasion de côtoyer des femmes et des hommes formidables et d’ouvrir grand les yeux sur tous les enjeux. Je suis très fier de faire partie d’une organisation qui s’emploie à les faire connaître au plus grand nombre.
Ces expériences ont influencé mon choix de carrière. Récemment, j’ai été admis à l’École de droit de l’Université du Nouveau-Brunswick; j’aimerais devenir un avocat spécialisé en droit du travail. Je considère qu’il est inconcevable de vivre dans un monde où les femmes ne gagnent que 70 % du salaire des hommes — je pense que c’est absolument épouvantable. Je crois en l’équité salariale. Je veux travailler à faire évoluer les choses.
À l’époque, je m’étais inscrit au programme Vague par vague par pur hasard, mais il faudrait le rendre accessible à tous et à toutes. Je voudrais que les générations futures grandissent dans un monde différent du nôtre. J’aspire à l’égalité. Nous devons être solidaires et lutter ensemble pour des lendemains meilleurs.
Le programme Vague par vague, offert par l’Alliance pro jeunesse au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard, a reçu un appui financier de la Fondation canadienne des femmes.
*Cette pièce illustre les différentes formes que peut prendre la violence dans les relations intimes (verbale, émotionnelle, physique, sexuelle). Elle montre aussi comment la violence peut s’intensifier avec le temps et que les victimes ont souvent tendance à se sentir responsables de ce qui leur arrive.