« J’ai beaucoup appris sur les moyens de me défendre toute seule. »

À l’école secondaire, Shaneen Cotterell s’est inscrite à ReAct: Respect in Action, un programme de prévention de la violence. Propos recueillis par Jessica Howard pour le numéro Printemps 2016 du magazine Dit Elle.

En 11e année, ma prof de science sociale m’a suggéré de jeter un coup d’œil au programme parascolaire ReAct parce qu’elle savait que je m’intéressais aux enjeux que ce programme explore. Lorsque j’ai vu que le programme abordait des questions comme l’oppression, les stéréotypes de genre, les mauvais traitements et les relations saines, je m’y suis inscrite et je suis restée impliquée tout au long de la 11e et de la 12e (NDT : équivalent du secondaire 5 et de la première année du CEGEP).

Je me souviens nettement de la séance où j’ai commencé à comprendre comment différents systèmes contribuent à maintenir l’oppression, que celle-ci soit fondée sur la race ou le genre. C’était une sorte de signal d’alarme, et je me suis sentie un peu désemparée. Je me disais, « Comment peut-on changer tout ça? Comment peut-on renverser tout un système? »

L’animatrice nous a montré comment nous pouvions commencer par déconstruire les stéréotypes et sensibiliser les personnes qui nous entourent. J’ai beaucoup appris sur les moyens de me défendre toute seule et de combattre les stéréotypes. Il suffit d’être la personne qu’on est vraiment : on peut très bien aimer le maquillage et aussi aimer faire du vélo de montagne dans la boue. Ça n’est pas vraiment important.

Nous n’abordions pas uniquement les stéréotypes de genre concernant les femmes; nous parlions aussi d’hypermasculinité et du fait qu’il est traditionnellement mal vu pour les garçons d’exprimer des émotions, de l’amour ou de l’affection. Il y avait des garçons dans le programme qui disaient : « c’est vrai, j’ai des amis qui ont l’impression de devoir réagir de manière agressive à certaines situations », ou qui ont peur de se faire traiter de certains noms. Ils admettaient qu’il existe des stéréotypes pour les hommes, et c’était plutôt fantastique de les voir s’ouvrir ainsi.

Je crois que l’efficacité du programme ReAct s’explique en partie par son aspect interactif. Chaque semaine, nous faisions quelque chose de différent : composer des poèmes, regarder une vidéo, organiser un débat, etc. Lorsque nous abordions la question des relations saines, nous regardions des vidéoclips qui représentaient des relations abusives, et ça nous aidait vraiment à démarrer la discussion.

Après deux ans dans le programme, mon intérêt pour la justice sociale ne faisait que grandir. J’ai finalement décroché un emploi d’été avec ReAct, à faire de la recherche pour les ateliers et accomplir d’autres tâches connexes. Cette expérience m’a permis de sortir de ma coquille, d’apprendre à animer des activités et à devenir une leader.

J’ai eu la chance de voir comment le programme fonctionne en coulisse, d’observer comment les jeunes interagissent positivement et de constater comment le programme leur ouvre les yeux sur certaines choses, de la même manière que mes yeux ont été ouverts quand j’ai participé au programme. C’est une chose d’en faire l’expérience soi-même, mais de découvrir comment la magie opère, c’est vraiment cool.

En travaillant là, j’ai aussi eu l’occasion de parler à de nombreuses personnes qui s’efforcent de transformer le monde pour le mieux. Ces rencontres m’ont donné le goût de choisir une carrière dans ce domaine, peut-être en travail social ou en sociologie. ReAct a été une extraordinaire occasion d’apprentissage pour moi.

Le programme « ReAct: Respect in Action », offert par METRAC (Metropolitan Action Committee on Violence AgainstWomen and Children), a reçu un appui financier de la Fondation canadienne des femmes.