Les faits sur la haine, le harcèlement et la violence en ligne fondés sur le genre
La haine, le harcèlement et la violence en ligne à l’égard des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, trans et non binaires sont un problème grandissant. Ils surviennent dans des environnements numériques tels que les médias sociaux et les jeux en ligne, et des outils technologiques peuvent être utilisés dans le but de perpétuer la violence fondée sur le genre (p. ex. les applications de covoiturage ou de rencontre).
Les Nations Unies (2018) décrivent la violence en ligne fondée sur le genre à l’égard des femmes comme tout acte « commis, facilité ou aggravé pleinement ou partiellement par l’utilisation d’[outils d’information et de communication], par exemple les téléphones portables et les smartphones, Internet, les pateformes des médias sociaux ou les courriers électroniques, et qui vise une femme parce qu’elle est une femme ou touche spécialement la femme ».
« La cyberviolence fondée sur le genre est un concept en constante évolution […] La transformation rapide des technologies influence la violence en ligne, et de nouvelles et différentes manifestations de violence émergent alors que les espaces numériques changent et perturbent la vie hors ligne » (en anglais seulement Organisation des États américains).
La haine, le harcèlement et le contenu violent en ligne sont particulièrement dangereux en raison de leur effet multiplicateur. Même si le contenu est supprimé de certains espaces numériques, il perdure ailleurs, et les personnes ciblées sont susceptibles d’y être réexposées à répétition (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019).
Les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre sont à haut risque de vivre de la violence et de la haine en ligne, en particulier les types de harcèlement et de violence à caractère sexuel les plus graves (Comité permanent de la condition féminine, 2017). Soixante-sept pour cent des cas de cyberintimidation rapportés à la police sont vécus par des femmes et des filles, et une femme sur cinq rapporte avoir subi du harcèlement en ligne (Statistique Canada, 2019).
Certaines font davantage l’objet de comportements sexuels non désirés en ligne, dont 33 % des jeunes femmes de 15 à 24 ans, 30 % des femmes autochtones et 50 % de toutes les femmes bisexuelles (Gouvernement du Canada, 2022).
Les données internationales sont semblables : 73 % des femmes dans le monde sont confrontées à de la violence en ligne, selon la Commission Broadband de l’ONU (2015). Plus de la moitié (52 %) des femmes sondées n’étaient pas d’accord avec l’affirmation « L’Internet est un endroit sûr pour exprimer mes opinions. »
La violence facilitée par la technologie ou la violence fondée sur le genre facilitée par la technologie englobe les moyens par lesquels la technologie est utilisée pour perpétuer la violence et le harcèlement fondés sur le genre à l’égard des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre (en anglais seulement Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes, 2021).
« La [violence fondée sur le genre] facilitée par la technologie s’appuie sur le lien ou la relation entre la personne victime/survivante et celle qui la commet. Cette relation peut être personnelle ou impersonnelle. Par ailleurs, elle peut également être institutionnelle, lorsque ce sont des personnalités publiques ou des entités étatiques qui commettent la VFG par des moyens technologiques, à des fins idéologiques ou pour appliquer une loi » (en anglais seulement Hinson et al., 2018).
Bien que les définitions varient, la haine en ligne a pour origine la haine d’un groupe de personnes en raison de leur origine ethnique, de leur religion, de leur nationalité, de leur genre, de leur orientation sexuelle ou d’une autre caractéristique.
« Outre les affaires déclarées par la police qui sont motivées par la haine, il y a quatre infractions précises qui sont considérées comme des infractions de propagande haineuse ou des crimes haineux dans le Code criminel du Canada, à savoir l’encouragement au génocide; l’incitation à la haine dans un lieu public qui est susceptible d’entraîner une violation de la paix [incitation publique à la haine]; la fomentation volontaire de la haine, lorsque chacun de ces actes est dirigé contre un groupe identifiable; le méfait motivé par la haine à l’égard d’un bien servant principalement au culte religieux » (Wang et Moreau, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Statistique Canada, 2022).
Il existe également plusieurs définitions de la cyberviolence, mais les Nations Unies utilisent le terme pour désigner les moyens par lesquels on peut utiliser Internet pour « exacerber, magnifier et diffuser la violence ». La cyberviolence peut être aussi néfaste que la violence physique et comprend le harcèlement, de même que les menaces de préjudices physiques comme les agressions sexuelles, les meurtres et les suicides (en anglais seulement Commission Broadband de l’ONU, 2015).
La cyberintimidation est souvent associée au harcèlement que peuvent vivre les enfants et les jeunes sur Internet (en anglais seulement eQuality Project).
Un autre terme utilisé pour faire référence à la cyberviolence fondée sur le genre est la cybermisogynie, qui désigne « diverses formes de haine, de harcèlement et de violence fondés sur le genre visant des femmes et des filles sur Internet ». Il « met en lumière la nature discriminatoire de ces comportements, qui surviennent dans un contexte de pouvoir et de marginalisation. Ainsi, “cybermisogynie” est un terme plus nuancé que le terme plus général “cyberintimidation” » (Etherington, 2015).
Pourquoi est-il si urgent de mettre fin à la haine, au harcèlement et à la violence en ligne fondés sur le genre ?
Les dommages sont importants et répandus, et les survivant·e·s risquent d’être revictimisées chaque fois que le matériel nuisible est partagé. La violence en ligne a une portée mondiale. Elle est difficile à fuir ou à stopper (en anglais seulement Bailey et Mathen, 2019).
Ses effets sont multipliés pour les personnes confrontées à d’autres formes de discrimination en plus du sexisme, notamment les femmes autochtones, noires ou handicapées. Ces dernières sont doublement ciblées (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019).
L’exposition à des comportements faisant la promotion d’une position inférieure pour les femmes augmente les risques que d’autres adoptent des comportements similaires et commettent des gestes plus violents (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019; Flood et Pease, 2009).
Cela amène les femmes et les personnes de diverses identités de genre à être réduites au silence dans la sphère publique (Gouvernement du Canada, 2022).
Cela limite tout le monde : presque un tiers des gens au Canada hésitent à utiliser les médias sociaux ou à prendre part à des discussions en ligne par crainte de harcèlement (Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, 2019).
Questions fréquentes sur la haine, le harcèlement et la violence en ligne fondés sur le genre
Ces comportements peuvent prendre diverses formes.
Harcèlement : Communications non désirées, haineuses, menaçantes ou nuisibles envoyées à une ou plusieurs reprises. Le harcèlement en réseau se produit lorsque des gens s’unissent pour cibler une personne ou un type de personne afin de lui causer du tort (Hoffart et Kardashevskaya, 2022).
Cyberharcèlement : « Utilisation d’Internet, de courriels ou d’autres technologies de télécommunication pour harceler ou traquer une autre personne. Cela comprend les gestes volontaires visant à intimider les victimes ou à rendre leur vie insupportable. Il ne s’agit pas d’un simple courriel non sollicité qui irrite, mais d’un geste méthodique, délibéré et persistant. Les communications, qu’elles proviennent d’une personne connue ou inconnue, ne s’arrêtent pas après que le ou la destinataire ait demandé à l’expéditeur·trice de cesser tous les contacts et comprennent souvent du contenu inapproprié et parfois troublant. Essentiellement, le cyberharcèlement est une extension du harcèlement physique » (en anglais seulement Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, 2022).
Violence sexuelle relative au partage d’images : distribution non consentie d’images intimes obtenues par creepshots et voyeurisme (prendre secrètement des images ou des vidéos d’une personne dans un endroit qu’elle peut raisonnablement croire comme privé); diffusion en direct et documentation d’agressions (enregistrer ou documenter numériquement des agressions et des agressions sexuelles et distribuer les fichiers); sextorsion (utiliser des images intimes à des fins coercitives); hypertrucages (utiliser l’intelligence artificielle pour insérer des visages de personnes dans des vidéos ou des photos) et pornographie vengeresse (publication en ligne non consentie d’images ou de vidéos à caractère sexuel, souvent après une rupture) (Hoffart et Kardashevskaya, 2022; Gouvernement du Canada, 2022).
Cyberviolence dans les relations intimes : L’« utilisation de technologies comme les textos et les réseaux sociaux pour intimider, harceler ou traquer un·e partenaire. Ce comportement représente souvent une forme de violence verbale ou psychologique perpétrée en ligne » (en anglais seulement BC Society of Transition Houses, 2019). La cyberviolence dans les relations intimes peut survenir dans les relations de violence hors ligne, mais les dommages sont différents. Il est plus facile de se liguer contre quelqu’un, plus il y a de commentaires, plus les effets sont accrus, il est plus difficile d’identifier les personnes qui prennent part à la violence en raison de l’anonymat que permet Internet, le contenu violent y demeure de façon permanente et on ne peut pas y échapper, car les appareils sont aussi utilisés dans les interactions positives avec les ami·e·s et la famille (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes).
Piratage : « Utiliser la technologie pour accéder illégalement ou sans autorisation à des systèmes ou des ressources afin d’acquérir des renseignements personnels, de modifier de l’information ou de diffamer ou dénigrer une victime ou un organisme [de lutte contre la violence faite aux femmes]. Par exemple, le vol de mots de passe ou la prise de contrôle d’un ordinateur pour le rendre inutilisable ou déconnecter l’utilisateur·trice » (en anglais seulement Centre for Research & Education on Violence Against Women & Children, 2013).
Divulgation de données personnelles : Publication en ligne de renseignements personnels ou d’identification sur quelqu’un (Gouvernement du Canada, 2022).
Flamme : Publication d’insultes ou d’attaques personnelles sur Internet (Gouvernement du Canada, 2022).
Usurpation d’identité : Utilisation de la technologie pour nuire à la réputation d’une personne en se faisant passer pour elle sur les plateformes de médias sociaux, dans les applications de rencontre, sur des sites Web ou dans d’autres espaces virtuels. Cela comprend la mystification (le spoofing), qui consiste à envoyer des messages de sorte qu’ils semblent provenir du téléphone ou du compte de messagerie d’une personne quand ce n’est pas le cas (Hoffart et Kardashevskaya, 2022).
Infractions sexuelles contre des enfants en ligne : Notamment le leurre et la production, la distribution et la possession de pornographie juvénile ou l’accès à de la pornographie juvénile (Ibrahim, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, 2022).
Désinformation sexiste et fondée sur le genre : « Sous-catégorie de violence en ligne fondée sur le genre qui utilise des discours fondés sur le genre ou le sexe faux ou trompeurs, souvent avec un certain degré de coordination, et qui vise à décourager les femmes de participer à la sphère publique. Elle combine trois caractéristiques déterminantes de désinformation en ligne : fausseté, intention malveillante et coordination » (en anglais seulement Jankowicz et al., 2021).
Une femme sur cinq au Canada a déjà vécu du harcèlement en ligne. « Les femmes (28 %) étaient également plus susceptibles que les hommes (19 %) d’avoir pris des mesures pour se protéger contre le harcèlement en ligne, comme bloquer certaines personnes en ligne ou supprimer des comptes » (Statistique Canada, 2019).
Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de vivre du cyberharcèlement. Les femmes célibataires, séparées ou divorcées sont plus susceptibles que les autres femmes de déclarer avoir été cyberharcelées. Les femmes qui ont vécu du cyberharcèlement sont 25 % moins susceptibles que les autres femmes d’évaluer leur santé mentale comme étant très bonne ou excellente (Statistique Canada, 2017).
Des années 1990 à 2018, parmi les cas de violence facilitée par la technologie entendus par les cours d’appel ou par la Cour suprême, 76 % des plaignant·e·s étaient des femmes, tandis que 91 % des accusé·e·s étaient des hommes (en anglais seulement Bailey et Mathen, 2019).
« Un rapport international synthétisant les données de sondages sur la [violence envers les femmes et les filles] en ligne, de 2018 à aujourd’hui, a montré des taux allant de 16 % à 58 % […] Les formes de cyberviolence les plus courantes étaient la désinformation et la diffamation (67 %), le cyberharcèlement (66 %) et les discours haineux (65 %) » (en anglais seulement ONU Femmes, 2022).
« Chez les jeunes adultes de 18 à 29 ans, les jeunes femmes étaient plus souvent la cible de violence en ligne. En effet, le taux de cybervictimisation enregistré chez les jeunes femmes (32 %) était près de deux fois supérieur à celui observé chez les jeunes hommes (17 %). Cette différence entre les genres était particulièrement prononcée lorsqu’il était question de la réception d’images ou de messages sexuellement suggestifs ou explicites non désirés, les jeunes femmes (22 %) étant près de trois fois plus susceptibles d’en recevoir que les jeunes hommes (8 %) » (Statistique Canada, 2023).
« Alors que les garçons (24 %) et les filles (25 %) de 12 à 17 ans étaient tout aussi susceptibles de subir de la cybervictimisation, les jeunes non binaires couraient un risque beaucoup plus élevé. Plus de la moitié (52 %) des jeunes qui ont déclaré un genre autre que masculin ou féminin ont indiqué avoir subi de la cybervictimisation au cours de l’année précédente. Un taux de prévalence plus élevé a été observé pour toutes les formes de cybervictimisation chez les jeunes non binaires » (Statistique Canada, 2023).
Plus de la moitié des filles interrogées dans le monde entier ont vécu du harcèlement et de la violence en ligne (Plan International, 2020).
Parmi les filles et les jeunes femmes du Canada interrogées, 6 répondantes sur 10 avaient subi du harcèlement ou de la violence en ligne. « Les types de harcèlement vécu par la plupart des filles […] sont les propos injurieux et insultants (72 %), l’humiliation délibérée (64 %), la dévalorisation de l’apparence physique (61 %), le harcèlement sexuel (55 %) et la traque furtive (51 %) » (en anglais seulement Plan International).
Selon une étude américaine, la majorité des joueur·euse·s en ligne de 13 à 17 ans étaient touché·e·s par le harcèlement, et « le harcèlement lié à l’identité représentait un problème pour les jeunes joueur·euse·s qui s’identifiaient comme noir·e·s ou afro-américain·e·s, femmes ou d’origine asiatique » (en anglais seulement Anti-Defamation League, 2021). Au Canada, 89 % des jeunes de 6 à 17 ans jouent à des jeux vidéo et 18 % de ces enfants et ces ados jouent à des jeux de rôle en ligne multijoueurs de masse (JRMM) (Association canadienne du logiciel de divertissement, 2020).
Au Canada, les crimes haineux ont augmenté de 27 % depuis 2020, et de 72 % depuis 2019. Cette hausse est associée à une augmentation des manifestations de haine dans les espaces numériques, dont celles visant directement les femmes et les personnes 2SLGBTQIA+ (Statistique Canada, 2023).
« Les 575 crimes haineux qui ont été consignés par la police comme des cybercrimes de 2016 à 2020 ciblaient le plus souvent la population musulmane (16 %), la population noire (15 %), une orientation sexuelle (13 %) et la population juive (13 %) » (Wang et Moreau, Statistique Canada, 2022).
Dans un sondage mené dans huit pays, 58 % des femmes interrogées ont déclaré que le harcèlement qu’elles avaient subi comportait des éléments de nature raciste, transphobe, homophobe ou sexiste (Amnistie internationale, 2017).
Une étude de trois ans et demi réalisée aux États-Unis et en Angleterre a révélé qu’il y avait 1,5 million de commentaires transphobes sur Internet (en anglais seulement Brandwatch.com).
Les étudiant·e·s 2SLGBTQIA+ sont plus susceptibles de faire l’objet d’intimidation, de harcèlement et de haine en ligne que les étudiant·e·s hétérosexuel·le·s. Alors que 8 % des étudiant·e·s cisgenres et hétérosexuel·le·s ont été ciblé·e·s, 27 % des femmes étudiantes 2SLGBTQ, 39 % des élèves transgenres et 19 % des hommes étudiants 2SLGBTQIA+ ont été visé·e·s (Peter et al., 2021).
Au Canada, 44 % des femmes et des personnes de diverses identités de genre de 16 à 30 ans ont déclaré avoir été personnellement les cibles de discours haineux en ligne. Parmi les plus visées, on retrouve les personnes en situation de handicap (70 %), les personnes 2SLGBTQIA+ (59 %), les personnes autochtones (59 %) et les personnes noires (53 %) (YWCA Canada, 2022).
Des données britanniques et américaines démontrent que les femmes racialisées sont 34 % plus susceptibles d’être mentionnées dans un tweet violent ou problématique que les femmes blanches. Les femmes noires sont particulièrement visées : elles sont 84 % plus susceptibles que les femmes blanches d’être mentionnées dans un tel tweet (en anglais seulement Amnistie internationale).
Plus de 96 % des maisons d’hébergement canadiennes interrogées ont reçu des femmes qui avaient subi de la violence fondée sur le genre facilitée par la technologie (Hébergement Femmes Canada, 2022).
Les personnes qui commettent la violence fondée sur le genre peuvent utiliser « un téléphone, des outils de surveillance, des techniques informatiques, des applications et des plateformes de médias sociaux afin de harceler, de terrifier, d’intimider, de contrôler et de suivre de près les femmes et les filles. Elles font mauvais usage de la technologie afin de traquer les femmes et les filles avant, pendant et après la perpétration d’actes de violence sexuelle. Il est courant pour ces personnes d’utiliser plus d’une technologie à la fois à mauvais escient tout en employant des tactiques de domination et de contrôle plus traditionnelles comme restreindre l’accès aux enfants ou à l’argent du couple » (en anglais seulement BC Society of Transition Houses, 2019).
Selon un sondage mené auprès de travailleur·euse·s luttant contre la violence en Colombie-Britannique, 92 % des agresseur·euse·s utilisent la technologie pour harceler ou menacer leurs cibles et 58 % utilisent la technologie pour les surveiller. De plus, 85 % s’introduisent dans des comptes de médias sociaux et les surveillent, 76 % s’introduisent dans des comptes de messagerie électronique et les surveillent et 56 % installent du matériel ou un logiciel de surveillance sur l’ordinateur de leur cible. Beaucoup (83 %) isolaient également la personne victimisée en détruisant ses appareils ou en limitant son accès à ceux-ci (en anglais seulement BC Society of Transition Houses, 2020).
La Coalition for Women in Journalism (en anglais seulement) rapporte que le Canada est le pays où les femmes journalistes ont été exposées au plus grand nombre de campagnes de trolling en 2022.
En 2022, 27 % des personnes au Canada ont vu chaque jour sur Internet des renseignements faux ou inexacts et 11 % ont vu chaque jour du contenu pouvant inciter à la haine ou à la violence (Statistique Canada, 2023).
Soixante-seize pour cent des répondant·e·s au sondage #ToxicHush ont déclaré avoir vécu ou constaté une augmentation du harcèlement, de la violence ou de la haine en ligne (en anglais seulement Femmes Expertes, 2022).
« De nombreuses personnes ont reçu des commentaires ou du contenu racistes, sexistes ou homophobes. Quarante-deux pour cent ont vu ou reçu des commentaires ou du contenu incitant à la violence en ligne […] Les Canadien·ne·s racisé·e·s sont près de trois fois plus susceptibles d’avoir fait l’objet de ce genre de comportement en ligne (14 % contre 5 % des Canadien·ne·s non racisé·e·s) » (Fondation canadienne des relations raciales, 2021).
La cyberviolence peut avoir un impact psychologique et émotionnel particulièrement dévastateur sur les survivant·e·s. Sur Internet, les manifestations de violence se répètent et s’accumulent, et les survivant·e·s peuvent être revictimisées chaque fois qu’une image ou un commentaire est reproduit, publié, partagé et vu. La cyberviolence peut atteindre n’importe qui dans le monde et se produire à n’importe quelle heure. Elle est difficile à fuir ou à stopper (en anglais seulement Bailey et Mathen, 2019).
Amnistie internationale (2017) a constaté que parmi les femmes de 8 pays qui avaient vécu de la violence en ligne, 41 % avaient craint pour leur sécurité physique et que 20 % à 25 % avaient reçu des menaces d’agression physique ou sexuelle. Soixante et un pour cent avaient vu leur estime de soi et leur confiance en soi diminuer; 55 % vivaient du stress, de l’anxiété ou des crises de panique; 63 % avaient du mal à dormir; 56 % ont déclaré que cela avait affecté leur concentration; 76 % ont changé leur façon d’interagir dans les médias sociaux; 32 % ont cessé d’exprimer leur opinion en ligne et 24 % craignaient pour la sécurité de leur famille.
Selon un sondage mené par Battered Women’s Support Services (2014, en anglais seulement) en Colombie-Britannique, en raison de la cyberviolence : 48 % des femmes interrogées ont ressenti de l’anxiété; 43 % ont déclaré que cela avait affecté leur image d’elles-mêmes; 40 % ont rapporté qu’elles s’étaient retirées de toute interaction en ligne; 30 % ont ressenti de la honte et de l’humiliation; 28 % se sont isolées de leurs ami·e·s et de leur famille; 13 % ont dit que cela avait eu « un impact sur leur emploi » (perte d’emploi, incapacité à progresser professionnellement ou incapacité à trouver un nouvel emploi); 10 % ont répondu qu’elles avaient pensé au suicide et à l’automutilation et 3,3 % ont été obligées de quitter leur communauté.
Pour les personnes confrontées à d’autres formes de discrimination en plus du sexisme, les effets de la haine en ligne sont multipliés. Cela comprend entre autres les femmes qui s’identifient comme autochtones, noires et handicapées. Elles sont « doublement ciblées ». La haine en ligne n’affecte pas seulement les individus. Elle fait également du tort à l’ensemble de la communauté. On observe un effet néfaste cumulatif sur les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre en tant que groupe (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019).
Les femmes et les personnes de la diversité de genre peuvent voir leur intégrité physique menacée lorsque leur adresse ou leurs données personnelles sont partagées en ligne sans leur consentement (Nations Unies, 2018).
Selon un sondage mené auprès d’élèves ontarien·ne·s de 7 à 12 ans, ceux et celles qui passaient plus de temps sur les médias sociaux étaient plus susceptibles de rapporter avoir eu des idées suicidaires. Soixante et un pour cent des filles qui utilisaient les médias sociaux plus de cinq heures par jour ont rapporté vivre une détresse psychologique d’intensité modérée à sévère, tandis que seulement 33 % des garçons ont rapporté s’être sentis ainsi (en anglais seulement Boak et al., 2017).
« Les données tirées de diverses études empiriques, longitudinales et transversales suggèrent que l’utilisation des téléphones intelligents et des médias sociaux fait augmenter la détresse psychologique, les comportements d’automutilation et la suicidalité chez les jeunes, qu’il existe une relation dose-réponse et que les effets sont accrus chez les filles. Les médias sociaux peuvent affecter la manière dont les adolescent·e·s se voient et leurs relations interpersonnelles en raison de la comparaison sociale et des interactions négatives, dont la cyberintimidation. De plus, le contenu que l’on retrouve sur les médias sociaux a tendance à normaliser et même promouvoir l’automutilation et le suicide chez les jeunes » (en anglais seulement Abi-Jaoude et al., 2020).
Une enquête mondiale a démontré qu’en conséquence de la violence et du harcèlement en ligne, 24 % des jeunes femmes interrogées craignaient pour leur sécurité physique; 42 % ressentaient une détresse sur le plan mental et affectif; 42 % avaient moins confiance en elles; 18 % éprouvaient des problèmes à l’école; 7 % avaient du mal à trouver et à conserver un emploi; 19 % avaient réduit leur utilisation des médias sociaux et 12 % avaient complètement arrêté de les utiliser (Plan International, 2020).
En réponse au risque accru de cybervictimisation, « près du tiers (31 %) des femmes de 18 à 29 ans ont bloqué quelqu’un en raison de harcèlement, et 17 % ont restreint leur propre accès. Les proportions correspondantes étaient plus faibles chez les hommes, 13 % des hommes ayant bloqué des personnes et 10 % d’entre eux ayant limité leur propre accès » (Statistique Canada, 2023).
« Les nouvelles données de sondage montrent que les femmes (84 %) et les personnes 2SLGBTQIA+ (87 %) prennent davantage de mesures que les hommes (77 %) pour se protéger contre la haine et la violence en ligne. Malgré cela, seulement 18 % des femmes, 10 % des personnes 2SLGBTQIA+ et 23 % des hommes sont entièrement d’accord qu’ils et elles se sentent en sécurité sur Internet » (Fondation canadienne des femmes, 2023).
« Le simple fait – pour une personne privée ou une personnalité publique – de s’exprimer en ligne sur certains sujets, souvent liés au féminisme, à l’égalité de genre, aux abus sexuels ou à des aspects spécifiques des droits des femmes, comme la santé et les droits sexuels et reproductifs, peut déclencher des violences et des abus » (en anglais seulement Commissaire aux droits de l’homme, Conseil de l’Europe, 2022).
Les femmes et les filles qui écrivent ou s’expriment sur des questions féminines en ligne s’exposent à davantage de cyberviolence (Comité permanent de la condition féminine, 2017; Plan International, 2020).
L’agressivité dans les espaces virtuels « peut faire en sorte que des femmes et des personnes de diverses identités de genre soient réduites au silence parce qu’elles craignent d’être ciblées par la haine en ligne ». L’anonymat dans ces espaces peut encourager les gens à promouvoir des points de vue et à afficher des comportements qu’ils n’auraient pas en personne (Gouvernement du Canada, 2022).
Près d’un tiers des gens au Canada hésitent à utiliser les médias sociaux ou à prendre part à des discussions en ligne de peur de vivre du harcèlement (Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, 2019).
« Dix pour cent des Canadien·ne·s ont rapporté avoir été visé·e·s par des discours haineux en ligne et 8 % ont dit avoir fait l’objet d’un cyberharcèlement qui les avait fait craindre pour leur sécurité. Ces proportions étaient approximativement deux fois plus élevées chez les Canadien·ne·s racisé·e·s, en situation de handicap ou qui s’identifient 2SLGBTQ+ » (en anglais seulement Andrey, 2023).
Des données américaines démontrent que les femmes sont plus de deux fois plus susceptibles que les hommes de déclarer avoir été extrêmement bouleversées après leur plus récente expérience de harcèlement en ligne (en anglais seulement Vogels, 2021).
Ces comportements sont enracinés dans des stéréotypes courants associés au genre et à la sexualité, de même que dans le sexisme, la misogynie, la cisnormativité et l’hétéronormativité véhiculés dans la société. Les responsables de haine, de harcèlement et de violence en ligne fondés sur le genre sont souvent motivé·e·s par le pouvoir et le désir de dominer. Ces personnes recourent à des outils numériques pour renforcer « les normes de genre, opprimer les femmes et maintenir les hommes “dans le moule” » (en anglais seulement Moloney, 2018).
« […] les responsables de cyberviolence fondée sur le genre à l’égard des femmes s’identifient généralement comme des hommes […] Les agresseurs peuvent être des personnes que la victime ne connaît pas (comme un harceleur sexuel en ligne qui cible systématiquement plusieurs femmes, ou des individus qui font de la prédation), un membre de sa famille ou de son entourage professionnel ou même un ami. […] Le but de la violence est de créer un environnement en ligne hostile pour les femmes afin de les humilier, les intimider, les dénigrer, les diminuer ou les réduire au silence en les surveillant, en volant ou en manipulant des renseignements sur elles ou en contrôlant leurs canaux de communication » (en anglais seulement Organisation des États américains).
« Si l’accès élargi à Internet a permis une plus grande connectivité de la communauté, il a également augmenté la haine et la violence en ligne faisant la promotion de la cyberviolence fondée sur le genre à l’égard des femmes. En réaction à la montée du mouvement féministe, de nombreux groupes misogynes et antiféministes ont vu le jour. Parmi ceux-ci, on retrouve les célibataires involontaires, aussi connus sous le nom d’incels, qui croient que le refus des femmes d’avoir des relations sexuelles avec eux est une forme d’oppression envers les hommes. Les incels se rassemblent autour d’opinions misogynes communes qui projettent des idées de violence à l’égard des femmes. Même si les incels ne sont pas nécessairement violents, ils ont perpétré des actes de violence de masse envers les femmes au Canada » (en anglais seulement Chan, 2022).
« L’androsphère désigne divers mouvements caractérisés par leur misogynie extrême et décomplexée. Ces groupes comprennent les incels, la communauté Men Go Their Own Way (MGTOW) et les activistes pour les droits des hommes (Men’s Rights Activists ou MRA) […] Ceux-ci se retrouvent en grande majorité sur Internet et se distinguent par un vocabulaire unique qu’ils utilisent pour décrire les femmes, le sexe et les autres hommes. Ils rejettent ouvertement le féminisme, qui, selon eux, domine maintenant la société au détriment des hommes » (en anglais seulement Davey et al., 2020).
Selon une analyse de la violence incel au Canada, les communautés virtuelles incel offrent à des individus à risque la chance d’être acceptés par des pairs qui partagent leurs idées et qui expriment des revendications communes dans une perspective idéologique. L’écosystème incel en ligne est répandu sur les plateformes grand public et de niche, et l’intérêt pour ce genre de discours est international (en anglais seulement Moonshot, 2021).
Dans un guide sur la communauté incel conçu en 2020 à l’intention des praticien·ne·s, on affirme ceci : « Depuis 2019, des individus liés au mouvement ont été impliqués dans au moins 13 attaques déclarées en Amérique du Nord […] Il existe des preuves que ces individus ont une propension à choisir des endroits où les femmes se rassemblent, comme les studios de yoga, les cours de conditionnement physique pour femmes et les salons de massage érotique […] Lorsque les attaques se produisent dans des espaces publics plus génériques, les assaillants incel ont tout de même tendance à cibler précisément les femmes ou les couples. Comme de nombreux autres extrémistes violents, les assaillants incel choisissent généralement des moyens rudimentaires et peu coûteux : fusillades, agressions au couteau et attaques au véhicule-bélier. Les individus qui s’associent au mouvement incel semblent plus susceptibles que la population générale à déclarer vivre de l’anxiété et souffrir de dépression ou d’un autre trouble de l’humeur » (en anglais seulement Hastings et Stolte, 2020).
« Les cas de violence liés à la communauté incel sont habituellement vus comme isolés et séparés de ceux rattachés à l’extrémisme violent organisé. Les assaillants sont vus comme des “loups solitaires”. Toutefois […] ce qui encourage les incels à passer à l’acte est la nature structurelle des communautés virtuelles et le soutien social qu’ils en retirent. Les forums en ligne fournissent des idées, une motivation et un appui déterminants aux incels afin de les inciter à la violence. La solidification d’une identité commune est également centrale à la violence motivée par l’idéologie incel. Les individus isolés et marginaux nourrissent un fort sentiment d’appartenance et une loyauté profonde envers leur communauté » (en anglais seulement Chan, 2023).
L’exposition à des opinions haineuses faisant la promotion d’une position inférieure pour les femmes sur les plans social, politique et économique augmente le risque que les consommateurs de ce genre de contenu adoptent des vues similaires et passent à l’acte (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019). Les recherches démontrent que les hommes et les garçons ayant « des croyances et des valeurs qui légitiment la violence » sont plus susceptibles d’avoir des comportements coercitifs et violents à l’égard des femmes (en anglais seulement Flood et Pease, 2009).
« Des études universitaires ont démontré que les femmes candidates et élues de partout dans le monde vivent fréquemment de l’intimidation sous forme de menaces de nature sexuelle, psychologique et physique, en personne et en ligne […] La violence envers les femmes en politique se situe sur le spectre de la violence fondée sur le genre, qui comprend les actions ou les menaces de nature psychologique, économique et symbolique à l’endroit des femmes ayant comme résultat ou comme intention de leur nuire ou de les faire souffrir simplement parce qu’elles sont des femmes. Cette violence est intersectionnelle, car les minorités racisées, les membres de la communauté LGBTQ, les personnes pauvres, les minorités religieuses, les personnes handicapées et les jeunes femmes sont plus susceptibles de vivre de la violence en politique en raison de leurs identités sociales et de leur appartenance à la diversité » (en anglais seulement Raney et al., 2019).
La violence envers les femmes en politique comprend des aspects physiques, psychologiques, économiques et symboliques. La violence symbolique « cherche à réduire ou à éliminer la présence des femmes dans des fonctions politiques, par exemple en distribuant des images à caractère sexuel ou violent dans les médias. » La violence envers les femmes en politique sert à effrayer les femmes et à les décourager de faire de la politique. Elle signifie à la société en général que les femmes n’ont pas leur place dans la vie publique (en anglais seulement Collier et Raney, 2018).
Selon une enquête mondiale menée auprès de femmes journalistes dans 125 pays, 73 % d’entre elles ont vécu de la violence en ligne. Les menaces de violence physique (rapportées par 25 % des répondantes) et sexuelle (rapportées par 18 % des répondantes) faisaient également partie de la réalité des femmes interviewées. Treize pour cent des répondantes et de nombreuses femmes interviewées ont déclaré avoir reçu des menaces de violence à l’encontre de leurs proches, y compris leurs enfants. « Le racisme, le fanatisme religieux, le sectarisme, le capacitisme, l’homophobie et la transphobie s’entrecroisent avec la misogynie et le sexisme afin de produire une exposition significativement accrue et des impacts plus profonds pour les femmes qui vivent de multiples formes de discrimination. » Les taux de cyberviolence les plus élevés et les plus graves ont été observés chez les femmes journalistes noires, autochtones, juives, arabes et lesbiennes (en anglais seulement Posetti et al., 2021).
« Une personne qui s’identifie comme femme interrogée sur cinq a dit avoir fait l’objet d’une attaque ou d’un acte de violence hors ligne en lien avec la violence en ligne qu’elle avait vécue. Une portion similaire des femmes interviewées avait aussi vécu du harcèlement hors ligne en lien avec des attaques en ligne, ce qui comprend les sujets de nos deux grandes études de cas. Ces attaques hors ligne allaient de la traque à l’agression physique, en passant par le harcèlement juridique […] Les menaces physiques associées à la violence en ligne ont mené 13 % des répondantes à accroître leurs mesures de protection hors ligne. […] Les impacts sur la santé mentale ont été les plus souvent désignés comme des conséquences des attaques en ligne, c’est-à-dire chez 26 % des répondantes. Douze pour cent ont déclaré avoir cherché de l’aide médicale ou psychologique en raison des effets de la violence en ligne, tandis que certaines femmes interviewées souffraient d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT) lié à des attaques en ligne, et que bien d’autres étaient en thérapie en raison des attaques qu’elles avaient subies. » Les sujets couverts les plus souvent désignés comme étant liés à une augmentation des attaques étaient le genre (47 %), la politique et les élections (44 %) et les droits de la personne et les politiques sociales (31 %) (en anglais seulement Posetti et Shabbir, 2022).
Selon une enquête menée auprès de 115 journalistes femmes et de genre non conforme au Canada et aux États-Unis : 85 % des répondant·e·s estimaient que la profession de journaliste était devenue plus dangereuse au cours des cinq dernières années; moins de la moitié (44 %) avaient bénéficié d’une formation à la sécurité et le harcèlement en ligne était considéré comme la menace la plus importante par 71 % des répondant·e·s au Canada. Parmi les formes d’agressions les plus courantes, les problèmes de sécurité et les menaces ont été vécus par 70 % des répondant·e·s, suivis du harcèlement verbal, puis du harcèlement en ligne. Les journalistes recevaient des menaces pour un large éventail d’affectations, mais le harcèlement était plus sévère et prolongé pour celles et ceux qui couvraient la politique locale ou nationale ou l’extrémisme (Westcott, 2019).
« Tout journaliste peut être confronté à la violence physique, mais les [femmes journalistes autochtones (FJA)] sont confrontées à des risques différents en raison de leur identité et des sujets qu’elles couvrent. Les femmes et les filles autochtones ont douze fois plus de risques d’être assassinées ou de disparaître que les autres femmes au Canada. Plus de la moitié d’entre elles sont victimes de violence domestique. Un diplôme de journalisme n’est pas un bouclier contre ces problèmes. » De plus, « à quelques exceptions notables près, les salles de rédaction ont entravé l’avancement de la carrière des FJA et ont nui à [leur] capacité à apporter des améliorations significatives à la couverture de l’actualité » (Pugliese, Journalistes pour les droits humains, 2020).
Selon une étude sur les journalistes femmes dans divers pays, le harcèlement en ligne fondé sur le genre « dérange la pratique habituelle du journalisme réciproque, car il restreint le degré d’interactions mutuellement avantageuses que les femmes peuvent avoir avec le public sans qu’elles soient attaquées ou discréditées en raison de leur genre. Bien que ces expériences de harcèlement étaient vécues dans tous les pays étudiés, des différences culturelles évidentes ont été observées quant au niveau d’engagement qu’elles devaient démontrer en ligne » (en anglais seulement Chen et al., 2018).
Une étude portant sur les influenceur·euse·s dans les médias sociaux a démontré que ces personnes faisaient souvent l’objet de harcèlement en ligne. « Le harcèlement envers les influenceur·euse·s prenait principalement la forme d’insultes et de commentaires désobligeants, humiliants et répétés, souvent reçus quotidiennement ou toutes les semaines. » Une présence en ligne importante augmente le risque de vivre du harcèlement en ligne pour certaines professions, notamment dans les milieux politiques, universitaires et médiatiques, de même que pour les créateurs et créatrices de contenu professionnel·le·s et les influenceur·euse·s populaires. Les influenceur·euse·s sont confronté·e·s à des taux semblables de harcèlement en ligne, mais les femmes ont rapporté vivre davantage de conséquences sérieuses (p. ex. un état de choc, des effets financiers, des pertes financières) (en anglais seulement Valenzuela-García et al., 2023).
Les attaques en ligne affectent aussi les organismes et les groupes communautaires au service des femmes. Ils peuvent faire l’objet d’attaques en ligne visant à délégitimer et dévaluer leurs efforts (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019).
Selon une étude menée avec des dirigeant·e·s d’organismes 2SLGBTQIA+ au Canada, ces organisations subissent de la haine queerphobe en ligne sous forme « de commentaires publiés sur les pages organisationnelles sur les plateformes de médias sociaux, de courriels de haine, d’interventions durant des événements virtuels, de publications sur des sites publics […], de même que des menaces de transposer la violence virtuelle en violence réelle ». La santé mentale du personnel et des bénévoles a été affectée, et le temps consacré à réagir à cette haine a eu un impact sur celui investi dans les services à la communauté (en anglais seulement Jonsson et al., 2023).
Lorsque des travailleur·euse·s et des militant·e·s font l’objet d’attaques en ligne, ils et elles ont peu de protection et sont plus susceptibles de se retirer de l’espace dans lequel la violence s’est produite plutôt que d’y faire face (en anglais seulement Ging et Siapera, 2018).
Les survivant·e·s de violence fondée sur le genre facilitée par la technologie peuvent se tourner vers plusieurs avenues juridiques au criminel et au civil. Selon son lieu de résidence au Canada, un·e survivant·e peut déposer une plainte au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, qui est chargé d’appliquer les lois fédérales sur la protection de la vie privée (Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes, 2021).
La législation et le système juridique canadiens sont encore à la traîne quand il s’agit de tenir responsable les personnes qui commettent des actes de haine, de violence et de harcèlement en ligne. Les processus juridiques sont souvent inadéquats. Les personnes qui ont cherché à obtenir des jugements de la cour en lien avec la divulgation de leurs données personnelles, la flamme, la traque, la pornographie vengeresse ou d’autres formes de misogynie facilitée par la technologie se sont exposées à davantage de menaces et de danger et n’ont pas vu leur situation se résoudre ou devenir plus sécuritaire (en anglais seulement Fondation canadienne des femmes, 2019).
Même si le droit canadien en matière de violence conjugale, de harcèlement et d’atteinte grave à la vie privée peut être appliqué aux délits et à la surveillance illégale en ligne, les recours judiciaires pour y réagir sont inadéquats (en anglais seulement Khoo et al., 2019).
Une revue des affaires criminelles impliquant la violence facilitée par la technologie au Canada a permis de constater que les cours avaient parfois tendance à faire fi des préjudices en les minimisant ou en ne reconnaissant pas la violence en ligne et hors ligne comme un tout. Des différences de traitement ont été observées entre les survivant·e·s selon la protection qu’on considérait qu’elles et ils méritaient de recevoir. Dans d’autres affaires, les survivant·e·s portaient le blâme pour ce qui leur était arrivé, car on jugeait qu’elles et ils n’en avaient pas fait suffisamment pour « se protéger ». Les autrices ont conclu que le système judiciaire avait besoin de plus de solutions centrées sur les survivant·e·s (en anglais seulement Bailey et Matthen, 2019).
Les mesures de modération de contenu de plateformes comme les médias sociaux, les forums de discussion, les moteurs de recherche et les sites de partage de vidéos « ont été déficientes tant sur le plan de la conception que de l’exécution ». Cela a exacerbé les préjudices pour utilisateur·trice·s les plus à risque de violence fondée sur le genre facilitée par la technologie, dont les groupes historiquement marginalisés. « Par exemple, les normes communautaires sur les plates-formes numériques ont inclus des exceptions aux règles interdisant les discours haineux ou nuisibles. Cela a créé des failles majeures pour la prolifération de contenus manifestement haineux ou préjudiciables. Les mécanismes de signalement et de rapportage reposent sur les utilisateurs qui les utilisent avec précision et de bonne foi, mais ils ont souvent été déjoués pour aggraver les abus que ces mécanismes sont censés traiter » (Khoo, 2021).
« Les politiques des plateformes ne définissent pas clairement ce qu’est le “harcèlement ciblé”, ainsi une grande partie de la violence à laquelle les femmes sont confrontées ne contrevient pas aux modalités des plateformes, ce qui permet aux agresseur·euse·s de poursuivre leurs activités sans subir de conséquence. On remarque également un manque d’expertise intersectionnelle en matière de modération de contenu, ce qui fait que la violence envers les femmes, les personnes de couleur et les autres groupes marginalisés reste sans réponse. Il incombe aux personnes ciblées de détecter et de signaler la violence. Réagir à un acte de violence sur les médias sociaux prend du temps, car il faut bloquer, signaler et mettre en sourdine les agresseur·euse·s. Ce poids n’est pas considéré et il affecte le quotidien des survivant·e·s hors ligne » (en anglais seulement Jankowicz et al., 2021).
« Quatre-vingt pour cent des gens au Canada pensent qu’il faut apporter des changements aux espaces numériques afin de les rendre plus sûrs pour tout le monde, et 58 % des femmes sont entièrement d’accord avec cette idée. De plus, 88 % des gens croient qu’il incombe aux entreprises des médias sociaux de protéger leurs utilisateurs et utilisatrices de la haine et de la violence sur leurs plateformes » (Fondation canadienne des femmes, 2023)
Dernière mise à jour : 4 janvier 2024
Un aperçu des données
1 femme sur 5
au Canada vit du harcèlement en ligne
30%
des femmes autochtones font l’objet de comportements non désirés en ligne
44%
des femmes et des personnes de diverses identités de genre de 16 à 30 ans sont personnellement visées par des propos haineux en ligne
72%
Le nombre de crimes haineux a augmenté de 72 % depuis 2019, en raison de l’augmentation de la haine dans les espaces virtuels à l’endroit des femmes, des personnes 2SLGBTQIA+ et de certains groupes ethniques et religieux
88%
des gens au Canada pensent qu’il faut apporter des changements aux espaces numériques afin de les rendre plus sûrs pour tout le monde