Agression sexuelle et harcèlement : les faits

Qu’est-ce que la violence sexuelle?

La violence sexuelle désigne toute forme de contact sexuel non désiré, notamment l’agression sexuelle et le harcèlement sexuel.

L’agression sexuelle concerne une activité sexuelle non désirée (p. ex., toucher ou embrasser quelqu’un sans son consentement, violer une personne). Le harcèlement sexuel peut comprendre des commentaires, des comportements et des contacts sexuels non désirés. Il peut prendre la forme de blagues, de menaces et de remarques discriminatoires sur le genre ou l’orientation sexuelle d’une personne. Il peut survenir en personne ou en ligne.

La violence sexuelle est une forme de violence fondée sur le genre [lien] qui prend racine dans l’injustice et l’inégalité entre les genres. Elle se produit parfois entre des personnes en relation amoureuse. Elle peut faire des victimes dans les familles, au travail, entre amis, connaissances et étrangers. Elle éclate souvent dans des lieux privés entre des personnes qui se connaissent.

N’importe qui peut être victime de cette violence, quels que soient ses antécédents, son identité ou les circonstances. Mais les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre sont très susceptibles de subir de la violence sexuelle. Certaines sont encore plus exposées en raison de la discrimination et des obstacles supplémentaires auxquels elles sont confrontées. C’est le cas des femmes handicapées, des femmes autochtones et des femmes sans abri ou mal logées. Parfois, les personnes exposées à la violence sexuelle n’ont pas accès à des services qui répondent à leurs besoins (p. ex., les personnes vivant dans des zones rurales ou éloignées).

Selon Traçons-les-limites.ca, la violence sexuelle est bien plus que le viol. Les plaisanteries sexistes, le harcèlement criminel, le harcèlement ou les voies de fait, tout contribue à une culture qui tolère et perpétue la violence sexuelle.

Le gouvernement de l’Ontario la définit comme suit : « la violence à caractère sexuel est un terme général qui désigne les violences physiques et psychologiques exercées par des moyens sexuels ou visant la sexualité ». Elle se présente sous différentes formes : abus sexuel, agression sexuelle, viol, inceste, harcèlement sexuel, harcèlement criminel, attentat à la pudeur ou exhibitionnisme, harcèlement en ligne, traite des personnes, et exploitation sexuelle (ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, 2021).

Le Code criminel du Canada comprend différents types d’infractions sexuelles (Shannon Brennan et Andrea Taylor-Butts, Centre canadien de la statistique juridique, Statistique Canada, 2008).

  • Agression sexuelle de niveau 1 (art. 271) : Voies de fait commises dans des circonstances de nature sexuelle telles qu’il y a atteinte à l’intégrité sexuelle de la victime. L’agression sexuelle de niveau 1 ne cause pas ou presque pas de blessures corporelles à la victime.
  • Agression sexuelle de niveau 2 (art. 272) : Agression sexuelle armée, menaces ou infliction de lésions corporelles.
  • Agression sexuelle grave (niveau 3) : Agression qui blesse, mutile ou défigure la victime, ou qui met sa vie en danger.
  • Autres infractions d’ordre sexuel : Groupe d’infractions qui visent avant tout les affaires de violence sexuelle à l’endroit des enfants. Voici les infractions prévues au Code criminel qui appartiennent à cette catégorie : contacts sexuels (art. 151), incitation à des contacts sexuels (art. 152), exploitation sexuelle (art. 153), inceste (art. 155), relations sexuelles anales (art. 159) et bestialité (art. 160). Deux autres infractions sexuelles figurent dans le Code criminel du Canada : les actions indécentes (art. 173) et la corruption des mœurs (art. 163).

Pourquoi est-il si urgent de mettre fin à la violence sexuelle?

Questions fréquentes sur la violence sexuelle

Environ 4,7 millions de femmes, soit 30 % des femmes de 15 ans et plus, ont été agressées sexuellement en dehors d’une relation intime au moins une fois depuis l’âge de 15 ans (Statistique Canada, 2019).

Selon les données autodéclarées, 22 agressions sexuelles ont été commises pour chaque tranche de 1 000 personnes âgées de 15 ans et plus au Canada. La grande majorité (87 %) des agressions sexuelles ont été commises contre des femmes (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017).

Les femmes sont cinq fois plus susceptibles que les hommes d’être victimes d’agression sexuelle autodéclarée (Adam Cotter, Statistique Canada, 2021).

Dans l’ensemble, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être agressées sexuellement ou de subir un comportement non désiré en ligne ou un comportement non désiré sur les lieux de travail. Non seulement les femmes sont plus susceptibles d’être l’objet de ces comportements, mais ces derniers ont de plus grandes répercussions sur elles. Elles sont plus susceptibles de changer leurs habitudes ou leurs comportements et de subir des répercussions émotionnelles négatives (Adam Cotter et Laura Savage, Statistique Canada, 2019).

Les auteurs d’agression sexuelle sont souvent connus des personnes qu’ils victimisent. Les amis, les connaissances et les voisins représentent 52 % des auteurs d’agression sexuelle autodéclarée. Ils sont plus souvent responsables des agressions à l’égard des hommes que des femmes (62 % par rapport à 51 %) (Adam Cotter et Laura Savage, Statistique Canada, 2019).

Les femmes représentent 92 % des victimes d’agressions sexuelles signalées à la police. Les données que nous avons recueillies des rapports de police montrent que le taux d’agressions sexuelles de la part d’un partenaire intime est plus de 30 fois plus élevé pour les femmes que pour les hommes (33 incidents par rapport à 1 pour 100 000 personnes) (Shana Conroy, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Statistique Canada, 2021).

Le taux d’agressions sexuelles autodéclarées en 2014 est demeuré inchangé par rapport à 2004; des baisses ont toutefois été observées au cours de la même période pour tous les autres types de crimes violents et de crimes sans violence mesurés au moyen de l’Enquête sociale générale sur la victimisation (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017).

Les effets des agressions sexuelles ne se font pas seulement sentir sur les personnes. En 2009, le traitement des cas d’agressions sexuelles et d’infractions connexes a coûté environ 4,8 milliards de dollars au Canada (ministère de la Justice, 2009).

Certaines personnes courent un plus grand risque d’être victimes d’agression sexuelle.

  • Près de la moitié (47 %) des agressions sexuelles ont été commises contre des femmes de 15 à 24 ans (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017).
  • Le taux d’agressions sexuelles contre les femmes autochtones est environ trois fois plus élevé que chez les femmes non autochtones (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017). « Les femmes autochtones courent un risque accru de victimisation violente et se sentent fréquemment rejetées par le système judiciaire. Cette issue correspond à une violence structurelle permanente résultant de la colonisation et peut être associée à une discrimination raciale inconsciente ou consciente. » [trad. libre] (Jodie Murphy-Oikonen et al., Violence Against Women, 2021).
  • Le taux d’agressions sexuelles est plus élevé chez les célibataires. Les femmes célibataires affichent un taux neuf fois plus élevé que celui des femmes mariées ou vivant en union libre et des hommes célibataires (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017).
  • « L’itinérance est particulièrement dangereuse pour les femmes et les personnes de diverses identités de genre. » Dans la rue, 37,4 % des jeunes femmes et 41,3 % des jeunes transgenres et non binaires subissent des agressions sexuelles par rapport à 8,2 % des jeunes hommes (Kaitlin Schwan et al., 2020).
  • Les personnes qui se définissent comme homosexuelles ou bisexuelles affichent un taux d’agressions sexuelles six fois plus élevé que celui observé chez les personnes hétérosexuelles (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017). Plus du triple de la proportion des personnes qui disent appartenir à une « minorité sexuelle » (7 %) déclarent avoir été agressées sexuellement comparativement aux personnes hétérosexuelles (2 %). Par minorité sexuelle, on entend les personnes qui ont déclaré « être lesbiennes, gaies, bisexuelles, pansexuelles, asexuelles ou avoir une orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité ». Les personnes transgenres affirment être victimes d’agressions sexuelles et d’agressions physiques au cours de leur vie à des taux plus élevés que les personnes cisgenres (Brianna Jaffray, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, 2020).
  • « […] personnes ayant une incapacité – en particulier les femmes et les personnes ayant une incapacité mentale – présentent un risque accru de subir de la violence sexuelle, ce qui peut être attribué en partie à une plus grande vulnérabilité, à des attitudes et à des perceptions sociales négatives, et à des abus de confiance. » Le taux d’agressions sexuelles chez les personnes ayant une incapacité était environ deux fois plus élevé que chez les personnes n’ayant aucune incapacité (Shana Conroy et Adam Cotter, Statistique Canada, 2017).
  • Les personnes, en particulier les femmes, qui sont victimes d’agressions sexuelles durant l’enfance, sont plus susceptibles d’être victimisées à l’avenir. Les personnes qui ont été victimes d’abus sexuels durant l’enfance signalent des agressions sexuelles et des agressions physiques à des taux trois fois plus élevés que celles qui n’ont pas subi d’abus sexuels durant l’enfance (Adam Cotter, Statistique Canada, 2021).

Le harcèlement sexuel peut comprendre des comportements, des attouchements et des commentaires discriminatoires. Il peut prendre la forme de blagues, de menaces, de commentaires sur le sexe ou de remarques discriminatoires sur le genre d’une personne (Commission ontarienne des droits de la personne).

Plus de la moitié (52 %) des femmes au Canada ont fait l’objet de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, alors que 28 % ont subi des attouchements sexuels non consensuels au travail (Angus Reid Institute, 2018, en anglais).

Une femme sur quatre a personnellement fait l’objet de comportements sexualisés sur son lieu de travail, contre 17 % des hommes. La plupart des femmes qui ont été ciblées ont déclaré qu’un homme était toujours responsable. Pour les femmes, les expériences personnelles de comportements sexualisés inappropriés sont plus fréquentes chez celles qui travaillent dans des professions traditionnellement dominées par les hommes : métiers, transport, conduite d’équipement et professions connexes. Parmi les femmes qui travaillent dans des professions qui étaient occupées par des femmes, comme la vente et les services, celles qui font l’expérience de comportements sexualisés inappropriés disent souvent qu’au moins un incident est perpétré par un client ou une cliente (Marta Burczycka, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Statistique Canada, 2021).

Une femme de 15 à 24 ans sur trois fait face à un comportement sexuel non désiré en ligne et est deux fois plus susceptible que les femmes âgées de 35 ans et plus de subir ce type de comportement. Le taux de femmes des Premières Nations et de Métisses de tous les groupes d’âge qui ont déclaré avoir subi des comportements non désirés en ligne était supérieur à celui des femmes non autochtones. La moitié (50 %) des femmes bisexuelles sont victimes de harcèlement en ligne, contre 21 % des femmes lesbiennes et 18 % des femmes hétérosexuelles. Le fait d’appartenir à une « minorité sexuelle » augmentait de 1,8 fois la probabilité de subir du harcèlement en ligne. De plus, les femmes ayant une incapacité sont 2,3 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement en ligne (Adam Cotter et Laura Savage, Statistique Canada, 2018).

Il n’y a qu’un seul responsable de la violence sexuelle : l’auteur du crime. Rejeter la faute sur la victime, c’est blâmer la personne qui a subi la violence. C’est injuste et dangereux. Cela peut pousser la victime à croire qu’elle a provoqué la violence, ce qui la rend moins susceptible de demander de l’aide et de signaler ce qui s’est passé (Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, 2016, en anglais). Une femme sur cinq déclare avoir été amenée à se sentir responsable de sa propre victimisation (Statistique Canada, 2020).

Les recherches établissent un lien entre l’alcool et les agressions sexuelles, mais les effets des variables telles que l’image négative de la femme chez l’agresseur et le sentiment de soutien des pairs pour les rapports sexuels forcés sont des facteurs prédictifs plus solides de la violence sexuelle (Maggie Koerth, 2018, en anglais). Malgré tout, il y a souvent deux poids, deux mesures en jeu : la consommation d’alcool et l’usage de drogues justifient parfois le comportement de l’agresseur, alors qu’elles servent à blâmer la personne qui en est victime.

« L’agression sexuelle n’est jamais la faute de la victime. Ce que vous portiez, ce que vous faisiez, les gens avec qui vous étiez ou le lieu où vous étiez importent peu : l’agression sexuelle est le fait de la personne qui commet le crime » (gouvernement du Canada, 2021).

Comme d’autres formes de violence fondée sur le genre, l’agression sexuelle en tant que problème social est ancrée dans l’inégalité des genres et l’inégalité des relations de pouvoir (Organisation mondiale de la Santé, 2012). Elle est l’œuvre d’idées et de structures socioculturelles sexistes largement répandues. Ces dernières renforcent la conviction que les besoins, les sentiments, les droits ou les croyances des hommes sont plus corrects et plus importants que ceux des femmes, des filles, des personnes de diverses identités de genre, et des enfants. D’autres formes de discrimination comme le racisme, l’homophobie, le classisme, l’âgisme et le capacitisme s’allient au sexisme et augmentent les risques de violence sexuelle pour les femmes et les personnes de diverses identités de genre.

L’agresseur qui commet des agressions sexuelles perçoit la personne qu’il victimise comme inégale, ce qui tend à justifier le contrôle, l’humiliation, l’intimidation et la maltraitance qu’il lui fait subir.

L’inégalité des genres est présente dans de nombreux domaines de notre société, notamment la politique, la religion, les médias, les normes culturelles et les lieux de travail (Centre canadien de politiques alternatives, 2014). Nous recevons tous des messages puissants, tant manifestes que cachés, selon lesquels il est naturel et juste que les hommes accèdent à un plus grand pouvoir social. Une telle perspective suscite des dynamiques genrées violentes dans les relations, les familles et les communautés. En outre, elle perpétue le fait de blâmer la victime et permet aux agresseurs de défendre leurs actions et de les continuer.

L’hypermasculinité, c’est-à-dire l’idée que la masculinité est déterminée par l’hostilité et l’agressivité, est préjudiciable à nous tous. Elle encourage la violence et le sentiment que tout nous est dû. Les hommes qui manifestent des attitudes hypermasculines sont plus susceptibles d’autodéclarer des agressions sexuelles contre les femmes (Sarah K. Murnen, Psychology of Men & Masculinities, 2015, en anglais).

Sans le consentement à une activité sexuelle, tout contact sexuel est une agression. Le consentement se définit comme un processus qui consiste à donner son accord avec enthousiasme et de façon continue. Il se manifeste par un « oui » clair, des mots affirmatifs et un langage corporel positif. Les gens peuvent changer d’avis et retirer leur consentement à tout moment. Les partenaires doivent communiquer entre eux et prêter attention au langage corporel de l’autre.

Selon la définition juridique canadienne, le consentement ne peut être donné dans une situation qui implique un abus de confiance, de pouvoir ou d’autorité. Toute personne inconsciente ne peut légalement donner son consentement (ministère de la Justice, 2021). Toute personne n’ayant pas atteint l’âge du consentement à une activité sexuelle ne peut pas donner son consentement (ministère de la Justice, 2017).

Selon une étude de 2015 de la Fondation canadienne des femmes, la notion de consentement n’est pas bien comprise. Presque toutes les personnes au Canada (96 %) croient que toutes les activités sexuelles doivent être consensuelles, mais seulement une personne sur trois comprend ce que signifie donner son consentement. La compréhension du consentement est également floue en ce qui concerne les activités en ligne : une personne sur cinq au Canada, âgée de 18 à 34 ans, est d’avis que si une femme envoie une photo explicite par courriel ou par texto, cela signifie toujours qu’elle donne son consentement à une activité sexuelle. Certains pensent que, dans le cadre de relations à long terme, il n’est pas nécessaire d’obtenir le consentement. Une personne sur 10 croit que les partenaires à long terme et les conjoints ne sont pas tenus d’obtenir le consentement.

Une étude de 2022 de la Fondation canadienne des femmes révèle que 55 % de la population au Canada ne comprend pas pleinement la notion de consentement dans les activités sexuelles.

La traite des personnes est un terme utilisé en droit pour décrire le recrutement, le transport et la détention de personnes à des fins d’exploitation. La traite des personnes est une infraction criminelle (Sécurité publique Canada, 2021). C’est une forme de violence fondée sur le genre. Les hommes qui font l’objet de la traite sont souvent exploités comme main-d’œuvre physique (p. ex., travail de construction). Les femmes victimes de la traite subissent souvent de la coercition sexuelle pour les contraindre à d’autres types de travail (p. ex., travail domestique ou exploitation sexuelle à des fins commerciales) (Fay Faraday, 2019, en anglais).

Dans les situations de traite, la coercition peut prendre des formes physiques et psychologiques. Elle peut consister en des menaces ou des abus de confiance ou de pouvoir (Sécurité publique Canada, 2021).

Il est important de ne pas mettre la traite à des fins d’exploitation sexuelle sur le même pied que la prostitution : « Les personnes adultes qui s’engagent volontairement dans le travail du sexe ne sont pas, selon le Code criminel (Canada) et le protocole de l’ONU, des victimes de la traite des personnes… Bien que les victimes de la traite des personnes puissent être contraintes à l’exploitation sexuelle, cela ne signifie pas que toutes les travailleuses du sexe sont exploitées ou que leurs activités constituent une forme de traite des personnes » (Robert Nonomura, 2020, en anglais).

Les femmes et les filles sont davantage exposées à la traite. Les personnes 2SLGBTQI+, les jeunes sans abri et marginalisés, les femmes et les filles autochtones, et les personnes souffrant de toxicomanie, de maladie mentale et de troubles du développement courent aussi un plus grand risque (ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, 2021).

Au Canada, la traite et l’exploitation des personnes sont étroitement liées au colonialisme et au racisme systémique. Ces derniers ont tous deux entraîné des taux élevés de violence fondée sur le genre à l’égard des femmes et des jeunes autochtones, noirs et racialisés, des personnes 2SLGBTQI+, et des sans papiers, pour n’en nommer que quelques-uns (Robert Nonomura, 2020, en anglais).

On doit faire preuve de prudence dans l’utilisation des données actuelles sur l’ampleur et la nature de la traite des personnes au Canada.

Tout en gardant ces mises en garde à l’esprit, les données de 2009 à 2018 montrent que dans 97 % des cas de traite signalés à la police, les survivantes sont des femmes ou des filles, et la majorité d’entre elles sont de jeunes femmes (45 % ont entre 18 et 24 ans) ou des filles (28 % ont moins de 18 ans) (Adam Cotter, Statistique Canada, 2020).

Les chances qu’une agression sexuelle soit signalée à la police sont environ 80 % plus faibles que pour les autres crimes violents. Seulement 6 % des agressions sexuelles sont signalées à la police, ce qui en fait le crime le plus sous-déclaré mesuré au moyen de l’Enquête sociale générale sur la victimisation (Adam Cotter, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Statistique Canada, 2019). On estime que moins d’un pour cent des agressions sexuelles subies par les femmes aboutissent à une condamnation de l’agresseur (Holly Johnson, 2012, en anglais).

Certains pensent que de nombreux signalements d’agressions sexuelles sont faux, mais un examen des recherches internationales sur les faux signalements suggère que cela ne se produit que dans 2 à 8 % des cas (Kimberly Lonsway et al., The National Center for the Prosecution of Violence Against Women, 2009, en anglais). En 2020, au Canada, 9 % des agressions sexuelles ont été classées comme affaires jugées non fondées (Statistique Canada, 2020).

Outre les réactions « de lutte ou de fuite » face à la peur et au stress, la « paralysie » est une autre réaction incontrôlable. Lorsqu’une personne se fige dans une situation de violence sexuelle, elle devient physiquement incapable de résister ou de s’exprimer (Brian P. Marx et al., Clinical Psychology: Science and Practice, 2008, en anglais).

De nombreuses agressions sexuelles sont commises à domicile par une personne connue de la victime. Le choc d’un tel danger inattendu peut paralyser. « Les sentiments et pensées préparatoires à une telle situation sont tout à fait latents parce qu’on ne s’attend pas à en avoir besoin », explique Charlene Senn, psychologue sociale à l’Université de Windsor (Sheryl Ubelacker, The Canadian Press, 2016, en anglais). Les survivantes d’une agression peuvent avoir du mal à comprendre comment une personne qu’elles connaissent a pu leur faire du mal. En outre, elles cherchent parfois à éviter de lui causer des ennuis.

Dès l’enfance, les filles sont souvent socialisées à « être gentilles » et à se comporter passivement en réponse aux conflits. La pression d’être polie peut être tellement ancrée dans leur esprit qu’il est parfois difficile pour elles de dénoncer le harcèlement ou une agression sexuelle (Zosia Bielski, Globe and Mail, 2016, en anglais).

Si un agresseur est en position d’autorité dans son lieu de travail, son école, son équipe sportive, sa famille ou sa communauté, il peut être particulièrement difficile de signaler son comportement. Les survivantes peuvent avoir peur de ne pas être crues, alors qu’en raison de son statut, l’agresseur peut bénéficier d’une plus grande crédibilité. De nombreuses survivantes craignent que leur témoignage pourrait compromettre leurs objectifs, leur carrière ou leur réputation (Marie Deschamps, 2015).

Les raisons pour lesquelles les victimes ne signalent pas à la police les actes de violence qu’elles ont subis diffèrent : 43 % des femmes pensent que l’agresseur ne sera pas puni de manière adéquate (par rapport à 25 % des hommes); 38 % des femmes pensent que l’acte ne peut pas être signalé à la police (par rapport à 6 % des hommes); 25 % des femmes pensent qu’elles ne seront pas crues (par rapport à 7 % des hommes); et 19 % des femmes pensent que le fait de signaler l’incident entraînerait la honte et le déshonneur sur leur famille (par rapport à 4 % des hommes). Ces différences reflètent le fait que les femmes sont plus susceptibles d’être agressées sexuellement. Le fait de ne pas vouloir parler à la police (57 %) ou s’engager dans un processus judiciaire (42 %) est plus souvent cité par les personnes ayant subi une agression sexuelle (Adam Cotter, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Statistique Canada, 2019).

« Les femmes sont souvent affectées par une victimisation secondaire quand elles ont recours à la police, aux services sociaux, aux ami(e)s ou à la famille, si, comme cela peut arriver, elles ne sont pas crues, elles sont blâmées ou sont accusées d’avoir provoqué la violence, ou si elles sont traitées sans compassion, lorsque la police peine à trouver des preuves ou leurs cas sont supprimés de façon arbitraire » (Holly Johnson et al., 2013).

Les plaintes d’agression sexuelle déposées par des femmes ayant une déficience mentale sont souvent ignorées ou rejetées par le système judiciaire (Janine Benedet et Isabel Grant, McGill Law Journal, 2007, en anglais).

Les femmes immigrantes qui arrivent au Canada traumatisées par la guerre ou des gouvernements oppressifs peuvent être moins portées à signaler les violences physiques ou sexuelles aux autorités par crainte d’une victimisation supplémentaire ou même d’une déportation (Rupaleem Bhuyan et al., 2014, en anglais).

Des études suggèrent que lorsque les femmes de couleur signalent des actes de violence, en particulier des viols, leurs expériences sont souvent prises moins au sérieux par le système de justice pénale (Rakhi Ruparelia, dans Elizabeth Sheehy, ed. Sexual Assault in Canada: Law, Legal Practice and Women’s Activism, 2012, en anglais).

Parmi les répercussions, on note le choc et la colère, la peur et l’anxiété, l’hypervivacité d’esprit et l’hypervigilance, l’irritabilité et la colère, un sommeil perturbé, des cauchemars, la rumination et d’autres réactions de reviviscence, un besoin accru de contrôle, une tendance à minimiser ou à nier l’expérience pour y faire face, une tendance à s’isoler, un sentiment de détachement, une constriction émotionnelle, un sentiment de trahison et un sentiment de honte. « La nature sexualisée de la violation sous forme d’agression sexuelle ajoute un aspect particulièrement traumatisant à l’expérience. En fait, être agressée sexuellement ou violée peut être l’une des expériences les plus traumatisantes qu’une femme peut vivre. Lorsque la victime connaît son agresseur, surtout lorsqu’il s’agit d’une personne à qui la femme pense pouvoir faire confiance et avec qui elle devrait se sentir en sécurité, et dont elle n’aurait jamais cru qu’elle pourrait la violer, le sentiment de trahison est profondément ancré dans la souffrance et le traumatisme occasionnés par l’expérience. Cela ne fait qu’aggraver le sentiment de honte et de culpabilité, ainsi que la réticence à dénoncer l’agression, et tous ces facteurs viennent exacerber le traumatisme » (Lori Haskell et Melanie Randall, 2019).

Lorsque les victimes de violence intériorisent le blâme, elles vivent parfois des réactions psychologiques au traumatisme, notamment le déni ou le fait de se dire qu’elles réagissent de façon excessive ou que l’agression n’était pas grave; la culpabilité et la honte, en remettant en question leurs propres actions et comportements; et l’embarras, en se blâmant pour la violence ou en ayant l’impression de ne pas avoir fait assez pour y résister (gouvernement de l’Alberta, 2013, en anglais).

La violence sexuelle peut s’avérer traumatisante. De nombreuses personnes souffrent du syndrome de stress post-traumatique et le processus visant à dénoncer une agression peut raviver le traumatisme (Claudia Avina et William O’Donohue, Journal of Traumatic Stress, 2002, en anglais).

Les abus sexuels dans l’enfance sont un facteur important pour les comportements suicidaires futurs et peuvent également être une source de syndrome de stress post-traumatique (Centre for Suicide Prevention, en anglais).

Chez les femmes adultes, il existe des preuves solides d’associations significatives entre les abus sexuels commis dans l’enfance et la dépression, le syndrome de stress post-traumatique, les troubles paniques, la dépendance à la drogue et à l’alcool et les tentatives de suicide (Ministère de la Justice Canada, 2012).

La violence sexuelle peut être évitée (Kathleen C. Basile, New England Journal of Medicine, 2016, en anglais).

Les recherches montrent que les programmes de prévention de la violence offerts dans les écoles secondaires sont très efficaces. La Fondation canadienne des femmes soutient des programmes de relations saines pour adolescents dans tout le pays. Ils ont pour but d’apprendre aux participants à reconnaître les signes de violence dans les fréquentations et à entretenir des relations saines. Des années après avoir participé à l’un des programmes que nous finançons, les élèves continuent d’en tirer des avantages, comme de meilleures relations amoureuses, la capacité de reconnaître une relation malsaine et de la quitter, ainsi qu’une confiance en soi, une assurance et un leadership accrus.

Reconnaissez et contestez les accusations portées contre les victimes, et faites savoir aux survivantes et aux victimes que les agressions sexuelles ne sont pas de leur faute.

Tenez les auteurs d’agressions responsables de leurs actes. Sinon, on renforce la notion voulant que la maltraitance et les agressions sexuelles sont acceptables, ce qui permet aux agresseurs de défendre leurs actions et de les continuer.

Surmontez les obstacles systémiques du système juridique afin de permettre un meilleur accès à la justice pour les victimes d’agression et de harcèlement sexuels.

Contestez l’inégalité entre les genres partout où vous l’observez. Abordez la notion que les besoins, les sentiments ou les croyances d’une personne ou d’un groupe soient plus corrects ou plus importants que ceux d’une autre personne ou d’un autre groupe, et réfutez-la.
Si vous ou l’une de vos connaissances cherchez un soutien en cas de maltraitance ou de violence, consultez notre liste de services qui pourraient vous être utiles.

Dernière mise à jour : 22 novembre 2022

Aperçu des données

30 %
de toutes les femmes âgées de 15 ans ou plus déclarent avoir subi une agression sexuelle au moins une fois

3 fois
Le taux d’agressions sexuelles contre les femmes autochtones est environ trois fois plus élevé que celui des femmes non autochtones

2 fois
Le taux d’agressions sexuelles contre les personnes handicapées est environ deux fois plus élevé que celui des personnes non handicapées

seulement 45 %
des personnes au Canada comprend ce que signifie donner son consentement à une activité sexuelle

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