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La maladie à coronavirus, nommé COVID-19, fait la une des médias. Plusieurs d’entre nous réfléchissent à ce que nous pouvons faire pour réduire le risque de contagion. Selon les estimations récentes, 30 à 70 % de la population au Canada pourrait être infectée.
Au Canada, tenons-nous compte des impacts genrés du coronavirus?
Les différents genres vivent les urgences ou les catastrophes de façon différente. Ce n’est pas seulement une question de biologie, de taux d’infection et de gravité de la maladie. L’expérience genrée du coronavirus est ancrée dans les inégalités entre les hommes et les femmes qui nous affectent tous, jour après jour. Nous devons penser aux impacts genrés interreliés suivants et agir.
1. Plus de travaux ménagers et de soins à la famille
Les statistiques révèlent qu’en général, au Canada, les femmes effectuent plus de travail non rémunéré comme les travaux ménagers et les soins à la famille que les hommes, notamment les soins aux enfants et aux personnes âgées. Étant donné la pression accrue exercée sur les hôpitaux et les services de santé, la fermeture des écoles et le nombre croissant de personnes qui s’isolent et se mettent en quarantaine, les femmes doivent forcément répondre aux besoins accrus de soins non rémunérés.
Envisagez les responsabilités comme le nettoyage et la préparation des repas. Le coronavirus amplifiera ces besoins : songez à l’hygiène rigoureuse et aux heures de soins soutenus requis quand une personne est gravement malade.
2. Plus de difficultés financières
Comme les femmes assument plus de responsabilités non rémunérées, elles pourraient devoir renoncer à leur salaire.
Les femmes sont déjà défavorisées en raison de l’écart salarial entre hommes et femmes, où elles gagnent moins que les hommes et sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires à temps partiel. La pauvreté elle-même est genrée; les mères célibataires ont beaucoup de difficulté à élever leurs enfants. Ensemble, la pauvreté genrée et l’écart salarial perturbent la vie des personnes victimes de discrimination au-delà du genre, dont les femmes racialisées, les femmes autochtones et les femmes handicapées.
Suivant cette dynamique, les interruptions et arrêts de travail dus au coronavirus que ce soit en raison de problèmes administratifs, tels que des licenciements, ou de la nécessité de s’occuper d’un proche malade, auront un impact important sur les femmes. Évidemment, les heures perdues signifient une plus grande incertitude économique pour elles et leurs enfants.
3. Plus de violence fondée sur le genre
Une recherche solide montre les façons selon lesquelles les situations de catastrophe attisent souvent la violence sexiste. Les formes existantes de violence qui menacent les femmes, les transgenres et les personnes non binaires peuvent redoubler, y compris la violence conjugale, l’agression sexuelle et les mauvais traitements de nature affective. Parfois, de nouvelles formes de violence genrée peuvent également se manifester.
En Chine, l’imposition des quarantaines a entraîné une hausse de cas de violence conjugale. Le Canada peut aussi effectuer un suivi de la montée de violence genrée en fonction de l’évolution de la pandémie.
4. Moins d’accès aux services de soutien
Étant à la hausse, les taux de violence doivent être considérés dans le cadre des interruptions et fermetures de services. Les refuges pour les femmes souhaitant échapper à un partenaire violent se préoccupent en particulier de leur capacité à demeurer ouverts face à l’ampleur du coronavirus. S’ils doivent fermer leurs portes ou réduire leurs services, les femmes comptant sur leur aide vitale devront peut-être rester dans une situation dangereuse au sein du foyer familial.
Dans les semaines à venir, d’autres services connaîtront sans doute des difficultés. Ceci comprend les programmes de relations saines, d’apprentissage de l’autonomie chez les filles, de formation professionnelle ainsi que les services visant à réduire la pauvreté, que nous soutenons partout au Canada.
Les impacts genrés du coronavirus ne sont pas un « enjeu marginal »
De bien des façons, des femmes de différents milieux se retrouvent en première ligne pour affronter la COVID-19 : infirmières, employées de soutien, aides familiales migrantes, mères, grand-mères et tantes. Elles sont à risque de contracter le virus et essentielles à la lutte contre sa propagation.
Nous devons prendre au sérieux les impacts genrés du coronavirus et concentrer notre énergie à mettre fin aux préoccupations de longue date comme la pression économique genrée et la violence fondée sur le genre. Les efforts déployés pour bâtir un Canada égalitaire sont toujours aussi importants et aussi essentiels à notre bien-être et à notre qualité de vie que jamais.
Restez à l’écoute pour plus d’information sur les impacts genrés du coronavirus d’après les fournisseurs de services communautaires, que nous soutenons partout au Canada.