Les faits sur le genre et les changements climatiques

Que sont les changements climatiques et comment sont-ils liés à l’égalité et la justice de genre?

Les changements climatiques désignent les variations à long terme de la température et des modèles météorologiques. Ils sont principalement causés par les êtres humains et leur recours à la combustion de combustibles fossiles, ce qui emprisonne la chaleur autour de la Terre et entraîne une hausse globale des températures (Nations Unies).

Cette hausse provoque des sécheresses intenses, des pénuries d’eau, de graves incendies, l’élévation du niveau de la mer, des inondations, la fonte des glaces polaires, des tempêtes catastrophiques et le déclin de la biodiversité (Nations Unies).

Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus intenses et fréquents au Canada, et ils ont une incidence directe sur la santé et la sécurité, l’économie et les moyens d’existence, de même que sur les tendances sociales à long terme (Statistique Canada, 2023).

Les changements climatiques ont des effets genrés. La crise climatique amplifie les inégalités existantes que vivent les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre, en particulier les plus vulnérables (ONU Femmes, 2022).

Pourquoi faut-il s’attaquer de toute urgence aux changements climatiques et aux inégalités de genre au Canada?

  • Le Canada se réchauffe à plus de deux fois le taux mondial, et l’Arctique canadien, à environ trois fois ce taux. Ainsi, les collectivités nordiques et les peuples autochtones sont particulièrement à risque de subir les conséquences des changements climatiques (Gouvernement du Canada, 2023).

  • Au Canada, aucune analyse intersectionnelle fondée sur le genre n’est effectuée dans le cadre de la préparation aux situations d’urgence, ce qui signifie que les besoins uniques des femmes, des filles et des personnes de la diversité de genre ne sont pas suffisamment pris en compte lorsque surviennent des désastres climatiques (Jean Slick, Université Royal Roads, 2022).

  • Comme les événements climatiques deviendront de plus en plus récurrents, les organismes communautaires et les fournisseurs de services d’un bout à l’autre du Canada devront composer avec une augmentation de la demande. Même s’ils sont les mieux placés pour répondre aux besoins uniques de leur communauté, ils demeurent sous-financés et ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face à ces défis grandissants (Diane Hill, Fondation canadienne des femmes, 2022, en anglais seulement).

Questions fréquentes sur le genre et les changements climatiques

Les phénomènes climatiques comme les incendies, les inondations et les canicules peuvent causer :

  • Des flambées de violence fondée sur le genre
  • Des perturbations et des pertes d’emplois et de revenus
  • De l’insécurité alimentaire et de logement
  • Des barrières et des interruptions d’accès au transport
  • Des évacuations et des déplacements de population
  • Des problèmes de santé physique et mentale
  • Un accès réduit à des services médicaux, communautaires et sociaux

Les femmes et les personnes de la diversité de genre qui vivent de multiples formes de marginalisation et d’inégalités subiront les effets des changements climatiques de façon plus prononcée et feront face à davantage d’entraves pour se remettre de ceux-ci.

Le terme « racisme environnemental » désigne la manière dont les groupes marginalisés, notamment les personnes autochtones et racialisées, sont souvent exposés de façon disproportionnée aux polluants et aux risques environnementaux (Canadian Geographic, 2023, en anglais seulement).

La violence fondée sur le genre

Des études démontrent que la violence fondée sur le genre connaît des hausses soudaines et importantes pendant et après les situations de crise, dont les pandémies, les incendies, les inondations et les canicules (Dr. D. Gaye Warthe, Mount Royal University, 2022, en anglais seulement).

À la suite des feux de forêt survenus en 2016 à Fort McMurray, en Alberta, la demande pour des services liés à la violence entre partenaires intimes est montée en flèche, et la GRC a également observé une hausse de la violence conjugale (Anya Zoledziowski, Vice News, 2020, en anglais seulement; Keith Gerein, Edmonton Sun, 2017, en anglais seulement).

Les effets genrés des situations de crise ont tendance à perdurer. Par exemple, la hausse des fémicides s’est maintenue depuis la situation d’urgence déclenchée par la pandémie de COVID-19. Le nombre de femmes et de filles tuées par des hommes a augmenté de 27 % en 2022 par rapport à 2019 (Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation, 2022).

Santé mentale

Aujourd’hui, on remarque une impression générale de vivre dans une polycrise mondiale alors que la population doit composer avec la relance post-pandémie, des récessions et la hausse de l’inflation, des conflits armés et des aléas climatiques de plus en plus fréquents (Kate Whiting, Forum économique mondial, 2023, en anglais seulement). Cela nourrit l’anxiété et les préoccupations sur l’avenir.

Soixante-quinze pour cent des gens au Canada éprouvent de l’anxiété par rapport aux changements climatiques, et les 18 à 34 ans sont les plus angoissé·es (81 %) (Unite for Change, 2023, en anglais seulement).

Les femmes ont tendance à être plus susceptibles de vivre des problèmes de santé mentale, comme de l’anxiété, de l’inquiétude et un trouble de stress post-traumatique, en lien avec les changements climatiques (Santé Canada, 2022).

Les filles et les jeunes femmes de 14 à 29 ans sont plus susceptibles de ressentir de l’anxiété par rapport aux changements climatiques et à l’environnement (30 %) comparativement aux garçons et aux jeunes hommes (24 %) du même groupe d’âge (Ipsos/RBC, 2023, en anglais seulement).

Choix et conséquences en matière de reproduction

Les préoccupations à propos de la pandémie, de l’incertitude économique et des changements climatiques influencent les décisions de planification familiale (Institut Vanier de la famille, 2023).

Une personne sur cinq au Canada (21 %) affirme qu’elle aura moins d’enfants ou n’en aura pas pour lutter contre les changements climatiques (Unite for Change, 2023, en anglais seulement).

Les femmes enceintes sont plus vulnérables aux effets des changements climatiques sur la santé. Une étude a démontré que la hausse des températures et le stress dû à la chaleur sont des facteurs qui contribuent aux accouchements prématurés, au faible poids à la naissance et à la mortinaissance (Frontiers in Endocrinology, 2023, en anglais seulement).

L’exposition aux polluants des feux de forêt peut causer des problèmes de santé précis pour les personnes enceintes et accroître le risque de faible poids à la naissance et de malformations fœtales (BC Women’s Hospital and Health Centre, 2023, en anglais seulement).

La culture, les traditions et l’économie de nombreuses collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits sont étroitement liées au territoire, aux ressources naturelles et à la capacité à prédire les grandes tendances météorologiques. Les changements climatiques menacent particulièrement les moyens de subsistance, les façons de vivre, les cérémonies, l’alimentation, la sécurité, les infrastructures et la santé globale des populations autochtones.

Les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre autochtones sont généralement perçues comme celles qui prennent soin de la terre, de l’eau et des gens, et comme les utilisatrices principales des ressources naturelles. Les changements climatiques peuvent avoir des conséquences sur les méthodes traditionnelles de cueillette et de stockage de la nourriture, le niveau et la contamination des eaux, de même que les pratiques de chasse et de pêche. Cela pose une menace pour la sécurité alimentaire, la stabilité financière et familiale et la santé mentale et physique, et les femmes sont souvent celles qui portent la plus grande part de responsabilité dans la gestion de ces problèmes (Association des femmes autochtones du Canada, en anglais seulement).

Partout dans le monde, les femmes autochtones dirigent les actions en faveur de la justice climatique (The World Bank, 2022, en anglais seulement). Elles sont extrêmement conscientes des multiples manières dont la fonte du pergélisol et la hausse des températures affectent la terre, les gens, les animaux, le logement, la culture et le travail et en parlent abondamment. Leur leadership en matière de gestion de crise est inestimable (United Nations Climate Change, 2021, en anglais seulement). Pourtant, elles ont tendance à être sous-représentées dans la planification des situations d’urgence et dans les instances décisionnelles.

Les approches et les innovations actuelles en matière de changements climatiques, dont la réduction des émissions et la transition vers des sources d’énergie propre et renouvelable, ne tiennent pas nécessairement compte des effets genrés ni des femmes aux réalités diverses.

Même si la représentation des femmes dans les STIM s’est accrue, celles-ci demeurent peu présentes dans les secteurs de l’environnement et de l’énergie verte au Canada, qui se composent à 71 % de travailleurs masculins (Mark Ramzy, Toronto Star, 2023, en anglais seulement).

L’une des meilleures façons d’atténuer les effets genrés des changements climatiques est d’intégrer une analyse comparative entre les genres plus à la réponse aux situations d’urgence et à la planification de crise.

Mais une étude récente (Jean Slick, Université Royal Roads, 2022) souligne l’absence de perspectives intersectionnelle et de genre aux plans d’urgence et de pandémie des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, qui traitent peu du genre et n’expliquent pas comment la compréhension des vulnérabilités sociales influence la planification. Bien que les documents de planification reconnaissent l’existence de personnes marginalisées et vulnérables, on fait peu référence à des consultations et des discussions avec des groupes issus de la diversité, comme les migrant·es, les travailleur·euses du sexe et les personnes itinérantes et mal logées.

Afin d’assurer une meilleure prévision des besoins des communautés du Canada et un meilleur soutien des populations traditionnellement marginalisées, il est nécessaire d’augmenter les efforts de consultation et de diversité dans la planification des situations d’urgence.

Les femmes et les personnes de la diversité de genre qui vivent des formes de discrimination multiples se recoupant devraient être la priorité dans les processus d’évaluation du risque et de planification. Les personnes dotées d’un vécu expérientiel et les fournisseurs de services qui leur viennent en aide devraient siéger à ces tables de planification dès le départ.

Les organismes pour femmes et personnes en recherche d’équité sont souvent bien placés pour servir leur communauté en temps de crise, mais ne disposent pas du financement, de la main-d’œuvre et des ressources nécessaires pour le faire. Investir dans le renforcement des capacités de ces fournisseurs de services essentiels les aidera à mieux se préparer aux « chocs » climatiques, et à pouvoir compter sur plus d’employé·es et de ressources afin d’être en mesure de poursuivre leur travail lorsque la population en a le plus besoin.

Dernière mise à jour le 16 avril 2024

Apprendre encore plus

La Fondation a collaboré à la recherche portant sur l’absence d’analyse fondée sur le genre dans la planification des situations d’urgence au Canada et utilise sa plateforme pour sensibiliser le public et militer dans le but de combler l’écart entre les genres dans la préparation aux désastres (article en anglais).

Nous plaidons pour accroître le financement de base versé aux organismes venant en aide aux femmes et aux groupes en quête d’équité au niveau fédéral afin qu’ils soient mieux outillés pour servir la communauté en temps de crise.

En 2023, la Fondation a organisé le sommet Renforçons nos communautés en collaboration avec Hébergement femmes Canada, auquel plus de 500 personnes issues du secteur de la lutte contre la VFG ont assisté afin de discuter de la manière dont le Canada peut se préparer et répondre aux flambées de violence fondée sur le genre en temps de crise et les prévenir.

Elle a produit des ressources et des boîtes à outils pour que les organismes de lutte contre la VFG puissent mieux se préparer aux situations d’urgence.

Ressources

Perspectives dégagées des Labos de justice de genre sur le thème de la préparation aux situations d’urgence

Leçons d’une pandémie : renforcer les connaissances sur la préparation aux catastrophes et la VFG

Services d’aide aux survivantes d’agression sexuelle et pandémie : adaptation, innovation et apprentissages

Les mesures adoptées par les autorités fédérales, provinciales et territoriales pour lutter contre la violence fondée sur le genre durant la pandémie

La reconnaissance des répercussions genrées des catastrophes : une dimension manquante dans la gestion des urgences et les plans d’intervention en cas de pandémie au Canada

Lignes directrices relatives à la continuité des services dans le secteur de la violence fondée sur le genre