Des sujets en lien avec l’égalité des genres sur lesquels les personnes s’acharnent

Quand ça vient à l’égalité des genres, tout le monde a au moins un sujet qui peut toucher un point sensible. C’est peut-être un sujet controversé qui donne lieu à des malentendus et à des informations erronées.

Des membres de la communauté de la Fondation canadienne des femmes nous demandent comment répondre aux sujets qui les font particulièrement réagir. Les personnes veulent savoir comment en discuter avec leurs ami·es, leur famille et leurs collègues.

Il est important de contribuer, d’agir et de communiquer sur l’égalité entre les genres avec le plus d’aplomb possible. À la demande générale, voici quelques faits et conseils pour aborder ces sujets controversés, mais cruciaux.

Conseils de communication à retenir

  • Prenez une grande respiration avant de répondre. Vous pouvez rassembler vos pensées et prendre votre temps.
  • C’est correct de dire : « Je n’ai pas la réponse. Je peux te revenir? »
  • Si quelqu’un utilise un langage violent, discriminatoire ou choquant, vous pouvez refuser de prendre part à la conversation ou dire que ce n’est pas le bon moment de discuter.
  • Vous pouvez ensuite faire un retour sur la conversation et l’analyser avec une personne de confiance si vous en sentez le besoin.

L’écart  de rémunération entre les genres

À quoi fait-on référence? À la différence dans les revenus moyens des gens en fonction de leur genre. Il s’agit d’un indicateur largement reconnu des inégalités entre les genres, et il existe dans tous les secteurs et à tous les niveaux professionnels.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? On parle parfois de l’écart rémunérationentre les genres comme d’un enjeu de « rémunération égale pour travail égal », mais ce n’est qu’un facteur à considérer. Parmi les autres, on retrouve le fait que les femmes perdent des heures rémunérées en raison du travail non rémunéré qu’elles accomplissent pour s’occuper de leur famille. On justifie souvent cet écart en disant que « c’est le choix des femmes ». Mais celles-ci doivent souvent choisir un certain type d’emplois, et ceux-ci tendent à être sous-valorisés et sous-payés.

Considérations :

  • L’écart de rémunération entre les genres est plus prononcé chez les personnes qui rencontrent de multiples obstacles, incluant les femmes racisées, les femmes autochtones et les femmes en situation de handicap. 
  • Il s’observe dès un très jeune âge, peut se creuser en raison des désavantages vécus par les femmes qui ont des enfants et se poursuit pendant la vieillesse, sous forme de disparité dans les revenus à la retraite. 
  • Les lois visent à interdire les écarts de revenu entre les genres au Canada, mais ils existent toujours en pratique.  
  • Il existe différentes façons de mesurer l’écart, mais quelle que soit la façon dont on le mesure, il existe toujours.

Les droits et le soutien pour les communautés 2SLGBTQIA+

À quoi fait-on référence? Les communautés 2SLGBTQIA+ et leurs allié·es ont longtemps fait pression pour le droit de vivre librement et à l’abri de la violence et de la discrimination. Il y a eu des succès et des revers au fil du temps.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? Les lois et les politiques se sont améliorées, mais il existe encore des écarts de politiques et des obstacles sociaux et culturels homophobes et transphobes à éliminer. Dernièrement, on a observé des reculs par rapport aux droits, aux protections et au soutien à l’égard de la communauté 2SLGBTQIA+, en particulier pour les élèves trans et les personnes de la diversité de genre dans les espaces publics.

Considérations :

  • Malgré les discours qui prétendent le contraire, on ne peut réaliser l’égalité des genres sans protéger les droits de la communauté 2SLGBTQIA+. La sécurité et le bien-être des femmes et des personnes de la diversité de genre sont intimement liés. 
  • Les communautés 2SLGBTQIA+ vivent des taux élevés de risque et de discrimination dans leurs milieux de vie, de travail et de divertissement. 
  • La sécurité et le soutien à l’égard des jeunes et des adultes trans sont un élément essentiel des efforts visant à assurer les droits et la protection de toutes les personnes 2SLGBTQIA+

Le racisme, le colonialisme et le genre

À quoi fait-on référence? Les origines des inégalités de genre sont étroitement liées au racisme et au colonialisme. Les féministes racialisées sont les premières à avoir adopté des approches de décolonisation dans le but d’accroître l’égalité des genres, de même qu’une perspective intersectionnelle dans l’élaboration de lois qui s’attaquent aux obstacles que rencontrent les femmes et les personnes de la diversité de genre outre le sexisme (p. ex., le racisme, le capacitisme, l’âgisme, l’hétérosexisme).

Pourquoi est-ce un sujet sensible? Les conséquences du racisme et du colonialisme sont de plus en plus reconnues, mais cela s’accompagne également de contrecoups. Ceux-ci peuvent prendre de nombreuses formes : la résistance aux appels à la justice des femmes autochtones, la non-reconnaissance de la mysogynoire (le racisme et le sexisme que vivent les femmes et les personnes de la diversité de genre noires), les discours anti-immigration, la contestation des initiatives en matière de diversité, etc.

Considérations :

  • Les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre qui sont noires, autochtones ou racialisées font face à un risque plus élevé de violence fondée sur le genre, à des inégalités de rémunération plus vastes et à des obstacles financiers plus grands. 
  • Les filles et les jeunes personnes de la diversité de genre racialisées vivent des obstacles liés au racisme et au sexisme à l’école. 
  • Les femmes et les personnes de la diversité de genre immigrantes et nouvelles arrivantes ont un accès plus limité à des services qui répondent à leurs besoins uniques.

La santé sexuelle et reproductive

À quoi fait-on référence? Le soutien, les droits, les renseignements et les choix en matière de santé sexuelle et reproductive sont importants pour l’atteinte de l’égalité des genres et sont un facteur essentiel de santé. Mais les lois qui les régissent changent continuellement. Par ailleurs, l’éducation sexuelle et sur les relations saines dans les écoles est contestée.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? Les droits sur l’avortement sont menacés, surtout aux États-Unis. Au Canada, même avec les normes législatives en vigueur, l’accès à la contraception, à l’avortement et à de l’information sur la santé sexuelle et reproductive peut être difficile. Obtenir des renseignements et des services de santé peut parfois représenter un défi pour les femmes et les personnes de la diversité de genre, en particulier les femmes racialisées, les personnes 2SLGBTQIA+ et les femmes en situation de handicap.

Considérations :

  • Il existe un écart significatif entre les genres concernant la recherche médicale et les traitements. Ce dernier s’ajoute aux écarts liés au racisme, au capacitisme et aux autres formes de discrimination. 
  • La justice reproductive comprend l’accès à toute une gamme de ressources excellentes, notamment les services d’avortement, la contraception, l’éducation en matière de santé et les services de planification familiale. 
  • L’accès à l’avortement et à d’autres services de santé essentiels diffère grandement selon qui vous êtes et où vous vivez.

La violence fondée sur le genre

À quoi fait-on référence? Il s’agit du type de violence que les femmes, les filles et les personnes bispirituelles, trans et non binaires sont les plus à risque de vivre. Elle peut prendre des formes physiques et psychologiques. Elle peut survenir dans les relations amoureuses, au sein d’une famille, au travail et entre des ami·es et des connaissances ou des inconnu·es. Elle se passe souvent en privé. De nombreuses formes de ce type de violence sont illégales.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? La sensibilisation du public à la violence fondée sur le genre s’est accrue, surtout grâce aux prises de parole des survivant·es et des militant·es. Mais cette violence est souvent perçue comme étant rare ou seulement vécue par les gens « dysfonctionnels ». Par ailleurs, il y a également un malentendu sur sa nature genrée : les femmes et les personnes de la diversité de genre sont les plus à risque, surtout celles qui sont marginalisées, et les blessures, la peur et les violences sont plus sévères.

Considérations :

  • Au Canada, les femmes autochtones, les femmes dans le Nord, les femmes en situation de handicap et les jeunes femmes sont parmi les plus à risque. 
  • Quarante-quatre pour cent des femmes vivront une forme de violence entre partenaires intimes dans leur vie. 
  • Et le taux de fémicides a augmenté : une femme ou une fille est tuée toutes les 48 heures.

La haine, le harcèlement et la violence numériques fondés sur le genre

À quoi fait-on référence? La violence à l’égard des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, trans et non binaires dans les espaces numériques représente un problème croissant. Elle peut survenir sur les médias sociaux et dans les jeux en ligne, et les technologies peuvent aussi être utilisées dans le but de perpétuer la violence (p. ex. les applications de covoiturage ou de rencontre). On peut parler alors de violence fondée sur le genre facilitée par la technologie, de cyberviolence, etc.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? Parfois, la violence dans les espaces numériques est moins prise au sérieux que la violence qui se produit dans la « vie réelle », et le ciblagedes femmes et des personnes en recherche d’équité est trop souvent vue comme « le prix à payer pour être en ligne ». Mais les conséquences de la violence sont néfastes, peu importe où elle a lieu. L’action des entreprises qui administrent ces espaces numériques, de même que celle des gouvernements et des utilisateur·trices, est nécessaire pour la mise en place de solutions et de protections. Mais la responsabilisation est quasi inexistante, et les mesures prennent du temps à être adoptées.

Considérations :

  • Une femme sur cinq rapporte avoir déjà vécu du harcèlement en ligne. 
  • Les femmes racialisées, les jeunes femmes, les personnes 2SLGBTQIA+ et les femmes qui sont actives sur des plateformes publiques, comme les journalistes, les créatrices de contenu et les politiciennes figurent parmi les personnes les plus ciblées. 
  • Les dommages sont importants et répandus, et les survivant·es risquent d’être revictimisé·es chaque fois que le matériel nuisible est partagé. 
  • Cela amène les femmes et les personnes de la diversité de genre à être réduites au silence dans la sphère publique.

Le genre et le changement climatique

À quoi fait-on référence? La crise climatique et les désastres affectent tout le monde, mais certaines personnes vivent des conséquences négatives plus grandes et sont moins protégées. Cela comprend les femmes, les filles et les personnes de la diversité de genre, surtout les plus marginalisées.

Pourquoi est-ce un sujet sensible? La crise climatique est à la fois un problème universel et un problème lié au genre. Ses conséquences genrées sont peu reconnues au Canada, en partie parce que la recherche et la réflexion sur ces questions sont encore en cours d’émergence.

Considérations :

  • Les plans d’urgence nationaux et régionaux ne tiennent pas compte des besoins des femmes et des personnes de la diversité de genre en matière de sécurité. 
  • Les désastres accentuent les inégalités, y compris les inégalités de genre. 
  • Les femmes autochtones et les femmes racialisées sont aux premières lignes des solutions pour le climat, mais sont souvent absentes des instances de décision au Canada.